Saint Paul compare la recherche de la sainteté à une course athlétique.
J'aime bien cette comparaison, parce que c'est bien de ça qu'il s'agit. En
effet, si un athlète est très bon pendant des années, tant mieux pour lui, mais
ce qu'on lui demande, c'est de gagner le jour de la course officielle. S'il bat
tous les records du monde dans son garage, c'est bien, mais c'est le jour de la
course qu'il faut les battre. Chaque entrainement n'est que celà : un
entrainement, dans l'attente de la course qui le mènera sur le podium.
Eh bien c'est exactement pareil pour la recherche de la sainteté :
chaque jour, tant qu'il n'est pas notre dernier jour, n'est qu'un entrainement,
et rien de plus. En effet, on pense parfois qu'on peut thésauriser nos
"bonnes actions", nos prières ou tout ce qu'on fait pour Dieu et pour
les autres, comme si on pouvait faire des réserves d'amour dont Dieu tiendrait
compte au jour de notre jugement.
"Est-ce que tu m'aimes ?", nous demandera Dieu le jour où on
ira le rejoindre, et on se dit qu'on pourra compter sur nos réserves, et dire
"ah oui, tu vois, pendant des années j'ai fait ci ou ça, j'allais à la
messe, j'ai fait ma communion, j'ai été au catéchisme, j'ai été enfant de
choeur, etc etc...". "Très bien, dira Dieu, mais est-ce que tu m'aimes
?". Parce que ce qui l'intéresse, Lui, c'est le présent, pas ce qu'on a
fait hier. "Ah oui, répondrons-nous, d'ailleurs j'avais prévu de faire un
pélerinage un de ces jours, enfin peut-être, parce que je n'ai pas beaucoup de
temps." "D'accord, insistera Dieu, mais est-ce que tu m'aimes
?". Parce que ce qui l'intéresse, ce n'est pas ce qu'on a prévu de faire
éventuellement demain. "Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je
t'aime", répondrons-nous alors, à cours d'arguments, en espérant que ça
passe. Ce n'est que si c'est vrai que nous entendrons alors "Entre dans la
joie de ton maître, serviteur bon et fidèle", si nous sommes effectivement
prêts au jour et à l'heure de notre rencontre avec Dieu.
Il faut savoir une chose : l'amour ne se thésaurise pas, on ne peut en
faire des réserves, il ne vaut que pour aujourd'hui et, comme le mana dans le
désert, c'est chaque jour qu'il faut le rechercher. En amour, on ne peut pas
compter sur ses lauriers, ni sur des bons points qu'on aurait accumulés, ni sur
notre réputation. Ici et maintenant, Dieu t'attend. Pas hier, pas demain. C'est
ça, courir de manière à l'emporter. Chaque jour est un entrainement, rien de
plus. La course qui comptera, c'est le jour de notre rencontre avec Dieu. Et on
ne sait pas quand ça sera.
Ne te repose pas sur des lauriers que tu n'as pas encore acquis.