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Paradis, enfer, purgatoire... des réponses claires.

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mercredi 9 novembre 2016

Aujourd'hui nous fêtons la dédicace, l'inauguration, de la basilique du Latran en 324. Appelée "Mère de toutes les églises", elle l'est véritablement, dans le sens où c'est le premier lieu officiel, visible, public, et adapté à la liturgie, dont ont disposé les chrétiens. Jusque là, en effet, le christianisme était une religion interdite, persécutée avec plus ou moins d'intensité depuis ses origines. L'empereur Constantin, par l'édit de Milan de 313, permet à chacun d'adorer qui il veut, et donc aux chrétiens de pratiquer leur foi au grand jour. La construction de la basilique du Latran en 320 est la manifestation extérieure de cet "édit de tolérance" : puisque les chrétiens sont désormais légitimes, il faut leur donner un lieu de culte public, c'est la mentalité romaine.
Bien.
Mais la première messe ne date pas de 324. Depuis toujours, les chrétiens se réunissent, non pas dans les catacombes, contrairement à l'idée reçue, mais dans les maisons des uns et des autres, comme on le refera par la suite dans les pays où le christianisme sera de nouveau persécuté. C'est d'ailleurs ces réunions qui font qu'on se reconnait chrétien, au-delà du baptême : l'assiduité à participer au partage du pain et du vin, et de la parole de Dieu, est ce qui constitue l'Eglise primitive. Et pas besoin d'un bâtiment en pierre pour cela : la première communauté chrétienne a fortement conscience du fait que l'Eglise, c'est eux, ce sont les personnes qui la constituent, ce n'est ni un lieu ni une bâtisse. Ils sont les pierres vivantes de l'édifice spirituel dont le Christ est la pierre angulaire. D'ailleurs, "Eglise", "Ecclesia", signifie "communauté", et non pas "bâtiment au milieu du village".
Est-ce que l'Eglise a gagné à avoir des édifices publics pour exercer son culte au su et au vu de tous ? Oui, indéniablement, dans le sens où cette visibilité a permis l'évangélisation au grand jour de toute l'humanité.
Est-ce qu'elle y a perdu quelque chose ? Ah. Eh bien... Oui aussi, dans le sens où, aujourd'hui au moins, beaucoup de chrétiens délèguent leur appartenance à l'Eglise au bâtiment qui en porte le nom : ils pensent qu'ils peuvent faire partie de l'Eglise sans jamais y mettre les pieds, il suffit qu'elle soit là pour que tout aille pour le mieux.
Ça me fait de la peine, quand on vend une église pour en faire un magasin de chaussures ou un restaurant. Toute église est ma maison, depuis ma naissance, et n'importe où dans le monde, il suffit de rentrer dans une église pour être chez soi, quand on est chrétien. Mais, d'un autre côté, qu'on détruise ou qu'on vende des églises, peu m'importe : en effet, si elles sont vides parce que les chrétiens les ont désertées, alors non seulement elles ne servent à rien, mais elles deviennent un signe de honte : une église abandonnée, c'est le rappel du manque d'amour de notre époque pour Dieu, de l'indifférence envers notre foi, nos coutumes, notre religion, notre salut. Indifférence pour le sacrifice du Christ, pour l'amour de notre communauté chrétienne, pour le message de l'Evangile. Une église vide, c'est le signe visible de l'abandon invisible de Dieu par son peuple.
Ce n'est pas facile à entendre et pourtant c'est la vérité. 
Seigneur, augmente en nous la Foi et l'Amour : que ton peuple revienne à Toi, qu'il retrouve la joie de la fête d'être réuni, dans ta maison, auprès de Toi.