Un maître poissonier Japonais a dit une chose intéressante :
quand on aime une activité, on apprend tout seul à l'exécuter parfaitement.
Quand on ne l'aime pas assez, c'est quelqu'un d'autre qui vous l'apprend.
Pour aller en enfer, il faut deux conditions :
d'abord, rejeter l'amour en détestant Dieu et son prochain.
C'est assez simple, il suffit de traiter tout le monde comme des objets à notre service et ça fait l'affaire.
Mais ensuite, il faut refuser de demander pardon et de réparer le mal que l'on a fait,
le summum étant atteint quand on pense, du haut de notre orgueil mal placé,
qu'on a tellement péché que Dieu même ne peut plus rien pour nous.
C'est ce qu'on appelle le péché contre l'Esprit, qui de fait est le seul irrémissible
parce que le pardon de Dieu ne peut nous atteindre si on refuse catégoriquement de le recevoir.
Mais si on demande humblement pardon, si on s'efforce, quoi qu'il en coûte,
de tout faire pour que ceux qu'on a maltraité retrouvent le chemin du bonheur,
alors rien n'est encore perdu.
Courage ! Avoir mal agit, c'est bien regrettable. Mais il ne faut pas s'en faire une raison,
et lutter de toutes nos forces pour redresser, avec l'aide de Dieu, ce qu'on a tordu tout seul.
"Le père Truc m'a dit qu'il fallait faire comme ça",
ce n'est jamais une excuse pour une façon d'agir ou de penser dans l'Église.
Tenir compte de ce qu'on nous a enseigné, très bien.
Mais ça ne nous dispense pas de nous renseigner en approfondissant un thème,
voire d'aller puiser à d'autres sources pour se faire son idée personnelle.
Ce n'est pas parce qu'on est chrétien qu'on doit penser ou agir
comme des robots qui se contentent de réciter le programme qu'on leur a entré dans la tête.
Quand Dieu nous est offert, refuser de le recevoir
juste parce qu'on ne peut pas communier dans la bouche alors que c'est notre habitude,
et que, dans certaines circonstances, on n'a d'autre choix que de le recevoir dans la main,
je trouve que ça s'appelle faire la fine bouche.
Pour rappel, lors de la dernière Cène, il ne me semble pas me souvenir
que les disciples aient agi ainsi.
Je ne saisis pas les chrétiens qui cherchent "qu'est-ce que Dieu veut nous dire ?"
dans tous les évènements de la vie quotidienne.
Ce que Dieu nous a dit, on le sait très bien : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Je ne vois pas ce qu'il aurait à ajouter, et encore moins pourquoi il chercherait à le faire
à travers des signes secrets cachés dans les actualités du monde.
Notre feuille de route, on l'a, et on sait parfaitement ce qu'on a à faire,
chacun selon ses charismes et sa générosité propres.
Je comprends que certaines personnes aient tout conflit en horreur,
et craignent plus que tout de devoir prendre parti et de se retrouver opposés à qui que ce soit.
Mais quand on aime non seulement la paix mais aussi le bien commun,
il y a des fois où on n'a pas le choix : soit on sort de sa zone de confort pour le défendre,
soit, en prétendant être neutre, on le trahit et, ce faisant, on se renie soi-même.
"Ne surtout pas agir", ça ne protège pas de l'injustice le faible et le pauvre.
Au contraire, ça permet aux violents et aux injustes de règner sans la moindre opposition,
et au mal de se répandre autant qu'il le veut en toute impunité,
protégé par le désir de tranquilité des paisibles.
Être capable de raisonnements logiques rigoureux et justes, c'est une chose.
Être rusé et savoir se débrouiller dans la vie, c'en est une autre.
Ce n'est pas incompatible, mais ce n'est pas la même chose.
Ce n'est pas parce qu'on est un intellectuel qu'on est forcément très malin,
ni parce qu'on est très malin qu'on est forcément très intelligent.
C'est dangereux, cette émulation malsaine qui existe entre certains prêtres,
à se vanter de qui a eu le moins de vacances, le moins de sommeil chaque nuit
ou le plus de repas qui ont sauté à cause de l'affairisme.
On n'est pas d'autant plus saint qu'on a une vie plus délirante et peu équilibrée.
Jésus n'a jamais demandé à ses disciples de courir dans tous les sens comme des poulets sans tête.
C'est tout à fait incroyable de constater encore et encore
qu'absolument n'importe qui, quels que soient ses défauts ou ses idées,
trouvera toujours des gens pour le suivre aveuglément
pour peu qu'il fasse sa propre publicité et agisse comme s'il ne doutait de rien.
Le monde est toujours en attente d'un sauveur providentiel, et à défaut de suivre le vrai,
il est prêt à suivre n'importe qui, même s'il s'agit d'un fou ou d'un arnaqueur,
pour peu qu'il ait confiance en lui et qu'il s'exprime avec conviction,
quel que soit le contenu de son discours.
L'importance d'une personne ne se calcule pas à l'aune des responsabilités qui lui sont confiées.
Chaque personne humaine a l'importance qui lui donne le sacrifice du Christ :
il a donné sa vie pour chacun d'entre nous,
sans aucune distinction que ce soit et sans aucun mérite de notre part.
On vaut tous le prix de la vie du Christ.
Traiter qui que ce soit avec mépris sous prétexte qu'il aurait moins de responsabilités que soi
et donc, d'une certaine façon, moins d'importance,
est donc toujours et sans exception une erreur de jugement produite par notre orgueil et rien d'autre.
Il est fréquent, quand on est confronté à des malheurs ou des difficultés de la vie,
d'être en colère contre Dieu, qui fait figure de coupable idéal,
parce que s'il voulait, il pourrait nous épargner ça, pense-t-on sans y réfléchir vraiment.
C'est injuste, parce que ce n'est pas lui qui nous fait du mal,
mais des personnes bien concrètes et généralement identifiables, qu'elles le fassent exprès ou pas.
Avec en toile de fond (parfois il n'a même pas à intervenir, parfois si), le malin.
Dieu, quant à lui, est le seul à même de nous protéger et de recoller les morceaux,
de nous consoler et de nous aider à passer le cap de tout ce qui ne va pas.
Alors vraiment, diriger notre colère, pour légitime qu'elle soit,
contre le seul qui soit véritablement innocent de tout mal,
c'est très injuste. Avoir mal ne justifie pas tout.
Jésus est Dieu venu parmi nous pour nous guider vers son Royaume,
pour prendre la tête, comme Moïse, du peuple décidé à fuir le péché
et à marcher d'un seul coeur vers la Terre Promise de la résurrection.
Il a ouvert un chemin à travers la mort comme Moïse dans la mer des roseaux,
et tout comme pharaon et ses troupes n'ont pu suivre le peuple à travers la mer,
le diable et ses démons n'auront sur nous aucun pouvoir si nous suivons le Christ
symboliquement à travers les eaux du baptême
et réellement quand notre âme franchira avec lui les limites de ce monde qui passe.
Il y a beaucoup de monde qui confond autoritarisme et sécurité,
et qui est prêt à renoncer à toute liberté
en échange de ce qu'ils croient être un retour à un monde plus sûr et paisible,
un monde "comme avant", quoi qu'il en soit de la moralité personnelle du dirigeant au pouvoir.
Le problème, c'est que les gens à tendance despotique à qui on laisse le pouvoir
n'ont jamais d'autre objectif qu'eux-mêmes et leur intérêt personnel,
et absolument pas celui du peuple qui a pourtant mis sa confiance en eux.
Le pire c'est qu'on a beau le savoir, l'histoire ne cesse de se répéter,
comme si on était incapables de deviner dès le premier jour
les conséquences de l'ascension au pouvoir de ceux qui crient plus fort que tout le monde.
Le critère le plus important dans la reconnaissance de "révélations" mystiques,
c'est qu'elles ne doivent rien nous apprendre qu'on ne sache déjà
par les Saintes Écritures, la Tradition et le Magistère.
Du coup, plutôt que de courir derrière tel ou telle mystique,
et de s'écharper sur l'authenticité de telle apparition ou de tel phénomène discutable,
n'est-il pas plus sage d'étudier calmement les Saintes Écritures, la Tradition et le Magistère ?
Il est très facile de se laisser polariser par un camp contre un autre,
quelles que soient les idées défendues de part et d'autre.
Il faut faire attention à cette dérive : quel que soit le camp pour lequel on prend parti,
on ne trouvera jamais une vérité pure en niant systématiquement la validité de tout argument
pour la seule raison qu'il ait été émis par le camp d'en face.
Ce n'est pas en luttant les uns contre les autres qu'on trouve la vérité,
mais en luttant tous ensemble contre l'ignorance.
Quelque chose m'a toujours frappé dans l'évangile de la fête de l'épiphanie. Les mages sont des étrangers venus d'orient, qui n'ont pas la bonne religion (ils suivent la course des astres, ça ne fait pas très sérieux), et qui ne sont donc pas censés attendre un quelconque messie. Cependant, ils ont fait le voyage, et si on prend au sens littéral la prophétie du psaume 72, ils viennent de tarsis et des îles, de Saba et de Seba. Cette prophétie a été associée à ces personnages, puisqu'on en a fait des rois mages, le psaume parlant de rois alors que l'évangile ne parle que de mages. Bref, de toutes façons, ce sont des païens. En opposition, on voit intervenir les grands prêtres et les scribes, les spécialistes du Dieu révélé à Abraham, Isaac et Jacob, ceux qui savent qui est le vrai Dieu. Et c'est vrai qu'ils connaissent leurs écritures saintes : ils savent parfaitement que le messie doit naître à Bethléem. Ils connaissent aussi le psaume 72, et peuvent ainsi interpréter la venue de ces mages comme un signe de la venue du messie. Ils connaissent donc le lieu, et maintenant, le temps où doit naître ce messie promis depuis des siècles, et que tout le peuple attend sans se lasser. Et pourtant, personne ne bouge le petit doigt. Enfin si : Hérode veut faire assassiner ce bébé au plus vite, pour éviter de se faire piquer sa place. Pour ce qu'il en a compris, ce messie doit devenir un roi au sens classique du terme, et c'est une menace pour son autorité. Il a déjà fait assassiner sa deuxième femme, son beau frère et deux de ses fils, nous apprend Flavius Josèphe, ce n'est pas pour laisser un inconnu lui prendre son trône. Quant aux chefs des prêtres et aux scribes, que font-ils ? On n'en sait rien. Pas grand chose, apparemment, puisque Matthieu ne juge même pas nécessaire d'en parler. De toutes façons, ils sont trop inféodés au pouvoir pour s'opposer à la volonté du roi qui leur permet d'avoir une influence importante et des places d'honneur au milieu du peuple.
Ce qui compte ici, et qui conduit à une attitude respectueuse et aimante, ce n'est pas l'origine, la formation ou les connaissances en écritures saintes, mais bien l'honnêteté et le respect profond que ces mages ont envers Dieu. Ils ne le connaissent pas, et pourtant ils le respectent déjà. Ils lui apportent leurs personnes et leurs biens, impatients de remettre leur vie entre les mains de cet envoyé divin.
Être né dans une famille chrétienne, c'est une chance : on connait le messie et le plan de Dieu. Mais si on n'est pas remplis d'amour de Jésus et de docilité à sa Parole, ça ne mène nulle part : c'est l'amour de Dieu qui mène au salut, pas la simple connaissance de son existence.