C'est bien, quand on est chrétien, de prier les uns pour les autres.
C'est une façon de reconnaître qu'on a tous besoin d'aide,
et que l'on n'est pas tout seul sur la route du salut.
Ça va donc bien au-delà de la simple nécessité occasionnelle.
La joie chrétienne vient, en grande partie,
de l'absolue certitude de la victoire définitive du Christ sur le mal et sur la mort,
certitude qui se base sur le fait qu'il est ressuscité.
Toute la création est entre ses mains et il nous aime, lui qui a donné sa vie pour nous.
Alors, on sait que même s'il y a des moments de la vie qui sont difficiles à supporter,
il règne pour toujours, et il ne nous abandonnera pas.
Si, pendant le temps de l'Avent, on s'efforce de se reconnecter avec nos capacités à aimer,
il y a des chances que l'on arrive à Noël avec le coeur suffisament attendri
pour être capables à nouveau d'être émus par l'amour de Dieu venu parmi nous
en la personne d'un nouveau-né totalement innoffensif et adorable.
Dans la religion chrétienne, rien n'est jamais obligatoire,
parce qu'on ne peut pas obliger qui que ce soit à aimer Dieu et son prochain.
On peut juste expliquer les conséquences de nos décisions pour la vie éternelle,
mais après, libre à chacun d'agir comme il l'entend.
Je sais bien qu'il y a plein de gens que ça rassure qu'il y ait des règles et des lois,
et qui ne seraient pas contre le fait d'en imposer à la terre entière au nom de Dieu,
mais le commandement du Christ n'est pas une interdiction, c'est une ouverture.
Ce qu'il nous dit, c'est que ça vaut le coup d'aimer, qu'on est fait pour ça,
et que c'est en aimant que nous réalisons en plénitude tout notre potentiel.
Pour tous ceux qui veulent à tout prix marier les prêtres,
et qui pensent que c'est LA solution à tous les problèmes de l'Église,
merci d'aller relire Lc 14, 26-27.
C'est bien gentil de toujours parler des lois plus ou moins tardives instituées par des hommes,
mais ça ne serait pas du luxe de tenir compte aussi des enseignements de Jésus lui-même.
Tiens je connais une catéchumène adulte hébergée dans une communauté nouvelle,
et je lui ai demandé si elle pouvait continuer sa préparation au baptême avec eux,
mais elle m'a répondu : "non, ils n'ont pas le temps".
Une communauté religieuse qui n'a pas le temps de transmettre la Foi ?
Tsk tsk... il serait peut-être bien qu'ils révisent leurs priorités.
Le discours des Béatitudes (mt 5) est facile à comprendre quand on prend en compte le commandement du Christ d'aimer Dieu par-dessus tout et son prochain comme soi-même. Ce que Jésus nous dit c'est : n'ayez pas peur, tout est prévu pour ceux qui mettent en pratique ce commandement. Vous qui êtes humbles, le Royaume des Cieux est à vous ; vous qui êtes doux, vous posséderez la terre ; vous allez connaître l'affliction si vous suivez mon commandement, mais c'est moi-même qui vous consolerai ; n'ayez pas peur d'être assoiffés de justice, parce que la justice de Dieu prévaudra à la fin ; soyez miséricordieux pour être traités avec miséricorde lors du jugement ; gardez le coeur pur, même si apparemment personne ne le fait, parce que c'est comme ça que vous verrez Dieu ; agissez en faveur de la paix et vous serez vraiment les enfants de Dieu ; la recherche de la justice vous vaudra des ennuis mais n'ayez pas peur, c'est en persévérant que vous parviendrez au Royaume de Dieu ; à cause de mon commandement, vous serez insultés, persécutés et calomniés, mais réjouissez-vous parce qu'une grande récompense vous attend dans les Cieux. Bref, réjouissez-vous et vivez dans l'allégresse, parce que ce n'est pas en vain que je vous demande d'aimer Dieu et votre prochain : cet amour aura sa récompense, malgré les apparences trompeuses de ce monde qui passe. Ça ne va pas être facile tous les jours de me suivre, vous allez rencontrer des difficultés, des obstacles, être confrontés à des gens qui me haïssent et qui vous haïront pour être mes disciples, et vous souffrirez toute sorte de tribulations à cause d'eux, mais gardez courage, ne désespérez pas, persévérez dans le bien, car seuls ceux qui auront persévéré jusqu'au bout trouveront la récompense de la vie éternelle dans le Royaume des Cieux. Ça vaut la peine d'aimer, courage et en avant !
Je trouve qu'il y a beaucoup trop de gens qui ont besoin de générer un entourage
pour se convaincre de faire des choses qu'ils prétendent pourtant aimer eux-mêmes.
Par exemple, il y a une génération aujourd'hui qui raffole de l'adoration eucharistique.
Ça me semble être une chose excellente.
Mais pourquoi attendre que ça soit organisé par la paroisse, qu'il y ait de la publicité,
que l'on sollicite l'assistance de la communauté chrétienne et que l'on fixe des dates et heures,
alors qu'il est si simple d'aller prier, seul, dans l'église,
là où le Christ est réellement présent dans le tabernacle,
et profiter d'un tête à tête intime avec Dieu
sans avoir besoin de toute cette scénarisation fastueuse ?
Si par malheur nous étions condamnés pour l'éternité, ça ne serait pas parce que Dieu nous déteste,
ou qu'il se venge de nous, ou nous en veut pour quelque raison que ce soit.
Pour aller en enfer, il faut l'avoir choisi, pas nécéssairement intellectuellement parlant,
mais par la façon de vivre qui aura été la nôtre.
Il faut avoir rejeté Dieu, c'est à dire l'amour, volontairement, en toute connaissance de cause.
Dieu ne fait que tenir compte de notre choix : si nous le haïssons,
il ne va pas nous imposer sa présence pour l'éternité.
Mais la haine est du côté du damné, et non pas de Dieu.
Voici l'explication de la parabole de l'intendant indélicat (Lc 16, 1-8).
Le maître, c'est Dieu. L'intendant, c'est nous. Les biens du maître qui sont dilapidés, ce sont les qualités que Dieu nous a données, et dont nous ne se servons que pour nous-même et non pour les mettre au service du bien de tous. C'est ça, le détournement de fonds. Le maître décide donc de se séparer de l'intendant qui dilapide ses biens, comme Jésus décide de faire se déssécher le figuier qui n'a pas produit de fruit en son temps. Mais alors, l'intendant, se reprenant, met enfin ses talents au service de son prochain, avec le raisonnement suivant : je vais leur rendre service, comme ça, le jour où je serai dans le besoin, ils vont me renvoyer l'ascenseur. Et c'est exactement ce que Dieu attend de nous : que nous mettions nos capacités au service les uns des autres, afin de n'avoir entre nous d'autres dettes que celle de l'amour mutuel (Rm 13,8). C'est pour cette raison que Jésus loue l'attitude de l'intendant : il met sa compétence au service de son prochain, et non plus pour se remplir les poches. Voilà ce qu'il attend de chacun de nous. Les dons divers qu'il nous a confiés ne sont pas destinés à un usage personnel et égoïste, mais ils permettent à tous de compléter ce qui nous manque à chacun. C'est cette solidarité mutuelle qui accomplit parfaitement le plan de Dieu, chacun donnant un peu de sa vie, qu'il s'agisse de ses capacités ou de ses biens matériels, au service de son prochain.
La résurrection et la vie éternelle, ça a l'air trop beau pour être vrai.
Mais qu'est-ce qui est trop beau pour être vrai avec Dieu ?
Il a créé l'univers à partir de rien, et en maintient l'existence depuis lors.
Alors nous ressusciter et nous donner l'éternité dans son royaume, franchement,
ça ne doit pas être bien compliqué pour lui.
Je l'ai déjà dit mais je le répète : la peur est l'une des armes favorites du diable.
Se laisser diriger par elle est une excellente façon de s'éloigner de Dieu.
La colère aussi est dangereuse. Elle peut parfois être sainte (mais n'est pas le Christ qui veut),
mais il y a plus de chances qu'elle soit peccamineuse que rien d'autre la plupart du temps.
Aujourd'hui nous fêtons saint Martin de Porrès, qui est certainement peu connu en France, mais très connu au Pérou. Fils d'un caballero espagnol et d'une esclave noire, bien que reconnu par son père, il sera toute sa vie considéré comme un citoyen de seconde zone, autant par l'étrangeté de ses origines que par sa couleur de peau. Confirmé par celui qui deviendra saint Toribio de Mogrovejo, le premier archevêque de Lima, il est, à douze ans, apprenti coiffeur et assistant dentiste. Il fait la connaissance d'un père Dominicain, qui l'invite à venir au monastère, parce qu'il a déjà une réputation de sainteté par la droiteur de sa vie. Il ne peut cependant pas devenir frère, à cause de la couleur de sa peau, selon la coutume de l'époque. Peu importe : il sera un "donné". Il n'a pas accès au choeur en tant qu'acteur de la liturgie mais il peut cependant vivre au monastère et y rendre des services. Deux ans plus tard, son père vient lui rendre visite et, après avoir parlé avec le provincial, il est convenu que Martin devienne frère coopérateur. Ça reste une sous-catégorie, mais il est admis cependant à faire sa profession religieuse, ce qui n'est pas rien. Devenu le portier de la maison, il est connu pour sa charité sans borne : il sert tout le monde, qu'il s'agisse de soldats espagnols, d'esclaves ou d'indiens, personne n'est banni de sa générosité, personne n'est jugé, tous sont traités avec la même bienveillance. Il héberge même les chats, les chiens et jusqu'aux souris, qu'il protège des appétits des félins. D'autre part, il a des dons pour soigner les malades, et il exerce ses talents tant envers ses frères dominicains que dans la rue. Il ne faudrait pas croire cependant qu'on lui en rend grâce : la plupart du temps, c'est sous les insultes, les moqueries et les humiliations qu'il rend service. De plus, la jalousie provoquée par sa renommée de sainteté lui cause souvent du tort. Mais lui, heureux d'aimer, ne s'offusque pas, ne se défend pas, ne se décourage jamais. Son supérieur finit par lui imposer de venir demander l'autorisation avant de faire des miracles, tant sa réputation fait de l'ombre aux autres frères, et Martin, toujours docile, ne manque pas de lui obéir. Quand il va faire les courses pour le monastère, il n'est pas rare qu'il distribue, sur le chemin du retour, tout ce qu'il avait acheté aux pauvres. On comprend bien qu'il devenait compliqué de lui confier même les tâches les plus simples, car toutes étaient soumises à l'impératif de la charité, et devenaient secondaire dès qu'on lui demandait quelque service que ce soit. Sentant sa mort venir, il demanda un jour aux frères de chanter le Credo, et il remit son âme à Dieu au cours de cette prière.
Saint Martin de Porrès forme, avec saint Toribio de Mogrovejo et sainte Rose de Lima, ce qu'on pourrait appeler la "trinité" des saints du Pérou. Ils ont tous vécu à la même époque, au début du 17ème siècle, passant leur vie à faire connaître, dans ce pays nouveau, la joie qu'il y a à servir Dieu et à être disciple du Christ. Par des miracles, une vie chaste et droite, de grands sacrifices et beaucoup de souffrances supportées avec patience et bonne humeur, ils ont répandu l'Évangile et la bonne nouvelle du salut dans tout le pays, au point que même les autorités Incas de l'époque demandaient le baptême comme une grâce qui leur serait faite. L'histoire de l'évangélisation de ce pays est bien différente de la "légende noire" inventée beaucoup plus tard. Elle se fonde sur des saints qui ont su, par leur humilité, leur amour de Dieu et des pauvres, et leur générosité sans limite, non pas imposer une religion nouvelle par la force à une population réticente, mais évangéliser avec amour et don de soi, donnant envie à tout un peuple de marcher, à leur suite, dans leurs pas du Christ.