Il est facile, quand on a été élevé selon les principes de la religion catholique,
de ressentir au fond de soi une sorte de culpabilité diffuse qui fait qu'on a peu d'estime de soi,
et que l'on considère, si quelqu'un devait trouver qu'on est coupable d'à peu près n'importe quoi,
qu'il y a sans doute quelque chose de vrai, même quand ce n'est absolument pas le cas.
La connaissance de l'existence du péché pèse lourd dans une vie,
et c'est bien dommage que ce soit ce que certains chrétiens retiennent comme le plus important,
alors qu'en toute logique, ce qui devrait nous frapper n'est pas notre inadéquation à l'amour,
mais le fait que Dieu nous aime quand même, de tout son coeur et de tout son esprit.
La méditation de la méchanceté humaine qui a conduit le Christ à la croix, c'est une chose.
Mais sans doute manque-t-il, pour l'équilibrer, la méditation du pardon demandé par Jésus en croix,
et de la résurrection qui fait éclater la justice et l'amour de Dieu par delà le malheur et la mort.
Quand le maître du festin va chercher les traine-savate pour son repas de noces,
il fait entrer tout le monde, "les méchants comme les bons".
Ce n'est pas notre mérite qui nous vaut d'être invités dans le Royaume de Dieu, mais sa bonté.
La seule chose qu'il nous demande, c'est de ne pas y être indifférents,
comme celui qui refuse de mettre un vêtement de noces et même de s'en expliquer,
et qui se fait jeter non parce qu'il est pire qu'un autre, mais parce qu'il refuse l'amitié du Seigneur.
Se sentir coupable de tous les péchés du monde n'a rien à faire dans la vie du chrétien.
Ça ne sert aucun but louable, ça n'aide personne, au contraire, c'est juste délétère.
En plus, c'est fondamentalement faux, c'est un manque de bon sens, voire d'humilité authentique.
Laissons-nous aimer. Ne passons pas notre vie à maronner sur notre indignité ni sur nos fautes,
le diable se charge déjà bien assez de nous les rappeler, et de tenter de nous coller sur le dos
même celles dont nous sommes en réalité parfaitement innocents.