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Paradis, enfer, purgatoire... des réponses claires.

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aléatoire

mardi 1 février 2022

            Parlons aujourd'hui de la première lecture, si vous le voulez bien. On y assiste à la mort d'Absalom, le fils rebelle du roi David, qui voulait prendre sa place, si nécessaire par la violence, voire par l'élimination pure et simple de son père. Mais il est mis en déroute par les troupes royales et, lors de sa fuite, meurt dans une position particulièrement ridicule, les cheveux pris dans un térébinthe, coincé entre le ciel de ses ambitions et la terre de son échec. Or quand on annonce à David que son fils a été tué, et donc que la menace qui pesait sur la vie du roi est levée, il réagit d'une façon que nul n'avait prévu, par des pleurs et des lamentations, changeant un jour de grande victoire en deuil national. Car la seule chose qui le préoccupait n'était pas de vaincre Absalom, et encore moins de le tuer, mais qu'il ne lui arrive rien. 

            Le roi David n'a pas toujours agit parfaitement au long de sa vie. Il suffit de rappeler l'histoire de Bethsabée et de son mari Urie le Hittite pour s'en rendre compte, sans parler des inlassables guerres qu'il mena. Mais ici, cet homme qui, malgré tous ses défauts, a toujours aimé Dieu, agit exactement comme lui. Après tout, David est un homme qui a reçu l'onction d'huile, il est consacré, ce n'est pas juste un homme politique mais un élu de Dieu. Et en tant que tel, il agit, à l'occasion, comme un prophète, c'est à dire que certaines de ses actions disent quelque chose de profondément vrai sur Dieu. Nous voyons ici, comme en direct, la réaction de Dieu devant la mort du pécheur. 

            Quand on est chrétien fervent, on a le péché en horreur. Au point, parfois, de détester le pécheur avec le péché, et non pas de le considérer comme la première victime de son péché mais comme l'unique responsable du mal qu'il commet. On oublie alors que le père du péché est le diable. Le pécheur n'est qu'un idiot utile. On oublie que tout pécheur est aimé de Dieu, et qu'il ne se résoud jamais à nous perdre, mais qu'il veut notre salut, même s'il faut pour cela qu'il nous donne sa propre vie, ou qu'il pardonne un nombre incalculable de fois nos incessantes rebellions envers lui. Car oui, nous nous rebellons, nous nous prenons pour lui, nous voulons parfois prendre sa place ou tout au moins usurper le droit de décider par nous-même ce qui est bien ou mal. Certains sont même carrément en guerre ouverte contre lui, luttant avec apreté contre son Église ou ses enfants, cherchant à détruire son oeuvre, sa crédibilité, et jusqu'à la mémoire humaine de la connaissance de Dieu. Et pourtant il continue à nous aimer. Il ne veut que notre bien. La seule chose qui l'obsède n'est pas de nous vaincre, et encore moins de se débarasser de nous, mais de nous voir revenir à lui de coeur et d'âme, en bonne santé, sans que personne ne nous ait fait de mal. 

            Que personne ne croie jamais mériter des éloges de Dieu ou des remerciements quand il exerce quelque violence que ce soit contre le pécheur. Dénoncer les péchés, oui. Détruire le pécheur, jamais. Et il est plus difficile, d'ailleurs, d'avoir le courage de dénoncer les péchés que de céder à la facilité de casser la figure du pécheur, surtout quand il est vulnérable, pris dans l'enchevêtrement des contradictions où ses choix funestes l'ont conduit. Nous sommes tous capables de haine. L'exercer contre le pécheur ne la rend pas sainte, et ne fait pas de nous des amis de Dieu, jamais. Ça lui fait juste un ennemi de plus, et une raison supplémentaire de pleurer, inconsolable, la perte d'un enfant bien-aimé.