Ça va être un peu une méditation fourre-tout, aujourd'hui, parce qu'il y a pas mal de choses différentes à voir dans les lectures de la messe. Tout d'abord, dans la première lecture, on voit les apôtres comparaître devant le Conseil suprême pour être interrogés puis fouettés. Je suis toujours impressionné par leur attitude devant ce genre d'épreuves. "Conseil suprême", ça fait drôlement sérieux. Être convoqué devant les grands pontes du moment, ça devait être impressionnant. Et pourtant, ils ne perdent pas leurs moyens. Plus encore, après avoir été fouettés, ils ressortent tout joyeux d'avoir été jugés digne de subir des humiliations pour le nom de Jésus. Ah ! Si tous les chrétiens avaient cette fierté d'appartenir au Christ ! Comme il est douloureux de les voir, parfois, ne pas oser prier à voix haute pendant une célébration, alors qu'ils sont à l'église, chez eux, mais qu'ils ressentent une sorte de honte confuse de montrer publiquement qu'ils sont croyants ! Combien d'enterrements sans qu'un son ne sorte de la bouche de l'assemblée, combien de baptêmes sans qu'un temps de silence et de recueillement ne soit accordé à Dieu... Oui, c'est un peu une plainte, mais c'est que le contraste avec la fierté, l'enthousiasme et l'allégresse des apôtres est trop grand pour qu'il puisse être passé sous silence. Soyons fiers d'être chrétiens, au moins quand on est en train de prier tous ensembles à l'église ! Ça me semble être un minimum, mais trop souvent, il n'est même pas atteint.
Un autre petit point du jour, c'est qu'aujourd'hui, normalement, on devrait fêter saint Joseph travailleur. Mais on ne le fête pas, ou plutôt si, on le fête de la meilleure façon qui soit, en fêtant le Christ ressuscité. En effet, la règle liturgique, c'est que toute fête des saints qui tombe un dimanche est pour ainsi dire dissoute dans l'évênement majeur et prioritaire de la résurrection du Christ, qui dépasse toute autre réjouissance. Et c'est bien normal ! La vie des saints, pour aussi belle et édifiante qu'elle soit, doit nous aider à tourner notre visage non vers les saints en question, mais vers le Christ, qu'ils ont suivi avec tant d'enthousiasme et de constance. Quand on montre la lune du doigt, c'est la lune qu'il faut regarder, pas le doigt. Là, c'est pareil, et c'est l'occasion de nous en souvenir : les saints, même le très aimé saint Joseph, sont tous un rappel de l'importance fondamentale de la résurrection du Christ, prémices de notre propre résurrection. Mais comme ils ne sont que vénérés, alors que Dieu est adoré, la fête de la résurrection du Christ qui constitue le dimanche contient en elle toutes les fêtes de saints possibles et imaginables, et c'est à la fois juste et bon qu'il en soit ainsi, quoi qu'il en soit de nos dévotions particulières.
Enfin, on voit aujourd'hui la triple profession d'amour de Pierre, qui suit, tout le monde le sait, son triple reniement. Le critère de sélection du premier pape n'a pas été son intelligence, ses capacités, ni même sa fidélité, qui a défailli au moment de l'épreuve. Non, le seul critère qui importe à Jésus, c'est : est-ce que tu m'aimes ? Et Pierre est choisi parce que, bien que pécheur, souvent à côté de la plaque, parfois faible, il aime le Christ. Il faut bien retenir ce critère. C'est celui par lequel Dieu séléctionne les papes, et celui par lequel sera décidée notre entrée ou non dans son Royaume. Aimer Dieu par-dessus tout, et son prochain comme soi-même, voilà ce qui compte, voilà ce qui est véritablement important. Tout le reste, c'est bien mignon, mais c'est secondaire.