Couv

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Paradis, enfer, purgatoire... des réponses claires.

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aléatoire

vendredi 1 avril 2022

            Arrêtons-nous aujourd'hui sur la première lecture de la messe du jour, parce qu'elle contient un enseignement dont il convient d'acquérier la maitrise. On y voit des impies, donc des gens qui ne craignent pas Dieu, qui n'ont pour lui ni respect ni vénération, décider en eux-mêmes du sort du juste. Ce qu'ils lui reprochent, ce ne sont pas seulement ses paroles, qui les discréditent, mais aussi ses actes, qui par contraste montrent que les leurs sont mauvais. On reconnait bien sûr Jésus dans la description quasi photographique qui est faite du juste, et pourtant il ne saurait s'agir de lui dans l'esprit de l'auteur du livre de la Sagesse, puisqu'il lui est antérieur. Pas de beaucoup, certes, mais suffisament pour ne pas coller, chronologiquement parlant. Mais alors s'agit-il d'une prophétie ? Bien sûr, dans la mesure ou les prophètes ne savent souvent pas qu'ils parlent du messie alors même qu'ils décrivent qui il est et tout ce qui va lui arriver, mais l'Esprit qui les inspire, lui, sait très bien ce qu'il leur dicte. Mais pas seulement, parce qu'en fait, le juste et les impies décrits ici sont universels. 

            Dans le livre de Job, on trouve le modèle originel de toute cette histoire. Le diable n'arrive pas à croire que Job, qui agit selon la justice de Dieu, ne le fait pas uniquement à cause des bénéfices qu'il en tire. Il ne croit pas que l'on puisse sincèrement aimer Dieu sans avoir des motifs cachés et pas bien nets : recevoir ses bénédictions ; se faire bien voir du peuple ; être honoré par tous en étant reconnus comme des sages ; gagner sa vie grâce à la religion, etc etc... Le diable connait bien Dieu, mieux que nous. Et lui l'a rejeté en toute connaissance de cause, par orgueil, parce qu'il veut être pris pour Dieu, il veut sa place, il estime qu'il la mérite amplement parce qu'il est la plus parfaite de toutes les créatures. Ce qui est théoriquement vrai, si on ne prend en compte que ses capacités et non ses accomplissements. N'importe quel enfant qui met en pratique la parole de Dieu a accompli plus que ce que le diable n'a jamais été capable de faire. Mais justement, cet état de fait, qu'il ne peut ignorer, le met dans une rage noire. Lui aussi fait des efforts. Il ne dort pas, ne mange pas, il travaille jour et nuit, et tout ça pour quoi ? Qui lui en est reconnaissant ? Qui chante ses louanges ? Non, il n'y en a toujours que pour Dieu, Dieu, Dieu. C'est intolérable. Du coup, il veut prouver que personne n'est meilleur que lui, au fond. Que personne n'aime vraiment Dieu, en réalité. Qu'il n'y en a pas un pour racheter l'autre, que nous sommes tous pécheurs, tous hypocrites, tous condamnables. Toute l'humanité est mise en accusation. Et pour prouver qu'il a raison, il va faire subir les pires injustices à celui qui prétend aimer Dieu. On verra ce que vaut sa justice face à la souffrance, à la méchanceté gratuite, à la bêtise crasse. On verra bien si sa religion n'est pas qu'une coquille vide, si elle n'est pas qu'une prétention vite dégonflée, un masque qui ne correspond pas à ce qu'il cache. 

            Alors le diable se déchaîne. Il persécute le juste. Le tourmente. Le tente. Traîne son honneur dans la boue. Le rend méprisable aux yeux du monde. Ridiculise sa piété. Anéanti ses accomplissements. Minimise son oeuvre. Il fait partir ses amis, et multiplie ses ennemis. Il va jusqu'à lui laisser penser qu'il est l'objet d'un châtiment divin, d'un rejet de Dieu lui-même. Que Dieu ne l'aime pas, au fond. S'il l'aimait, où est-il ? Pourquoi n'intervient-il pas ? Où sont ses miracles, quand on a besoin d'eux ? Existe-t-il seulement ? 

            Peut-être que ça vous évoque des situations personnelles. Si c'est le cas, réjouissez-vous. Le diable ne s'attaque qu'aux justes. Il n'a pas de temps à perdre avec ceux qui lui appartiennent déjà. Ne nous laissons pas tenter, ni même déstabiliser. Il rôde, comme un lion cherchant qui dévorer. Résistons-lui avec la force de la Foi, solidement arrimés à Jésus crucifié, dans une confiance inébranable en l'amour de Dieu qui est au-dessus de tout, qui peut tout, qui obtient tout, et qui ne passera jamais.