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Paradis, enfer, purgatoire... des réponses claires.

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mardi 1 novembre 2022

            Si l'Église fête aujourd'hui tous les saints, et demain tous les morts, c'est parce qu'il ne suffit pas d'être mort pour être saint. Entendons-nous bien sur ce que signifie être saint, d'ailleurs : il ne s'agit pas nécessairement d'être dans le calendrier, d'avoir une fête liturgique en son honneur, ou son nom cité au cours de la messe. Dieu seul est saint, déjà, pour commencer. C'est la base, que nous rappelle Jésus. Être saint, c'est aimer, et Dieu seul est la perfection de l'amour, puisque l'Amour, c'est son être même. Seul Dieu est un don de soi permanent, éternel, incréé, le Père se donnant tout entier en engendrant le Fils, qui se donne tout entier au Père dans l'obéissance, l'Esprit Saint étant ce don d'amour qui circule depuis toujours et pour toujours du Père vers le Fils et du Fils vers le Père, selon la nature unique qui est la sienne. Alors, ça veut dire quoi, être saint, si ça ne concerne que Dieu ? Eh bien, dans la toute puissance de sa miséricorde infinie, il a voulu faire participer une créature à son amour, et la créature, coup de bol, c'est nous. Nous avons été créés par amour, pour vivre de et dans l'amour, pour l'éternité. Bon, le paramètre hasardeux, c'est le fait qu'il ne saurait y avoir d'amour véritable sans qu'il ne soit librement reçu et donné. Il ne peut être ni forcé, sinon c'est du viol, ni acheté, sinon c'est de la prostitution. Nous avons donc été créés libres, et libres non seulement d'accepter l'amour de Dieu mais aussi de le rejeter, grâce à une capacité unique que l'on appelle le libre arbitre. Dieu, connaissant mieux que personne tout l'intérêt qu'il y a à aimer, pensait que nous l'utiliserions pour le bien, dans la confiance en son amour pour nous, et en sa volonté de nous donner ce qu'il avait de meilleur. Mais il y a eu le grain de sable, en la personne du diable, qui nous a fait douter de ses intentions, et nous a incités à décider par nous-mêmes de ce qui était bon ou mauvais pour nous. N'étant pas équipés pour une telle entreprise, la nature humaine, rien de moins, a été blessée et vit depuis lors dans une confusion qui rend compliqué pour chacun d'entre nous de séparer ce qui est bien de ce qui est mal, ce qui est la volonté de Dieu de ce qui n'est que la nôtre. 

            Mais revenons à nos moutons. On parlait des saints. Alors un saint (ou une sainte, bien évidemment), c'est quelqu'un qui a découvert Dieu (dans le cas des chrétiens, quelqu'un qui a découvert le Christ, Dieu parmi nous), qui l'a écouté, l'a pris au sérieux, et s'est efforcé de suivre ses enseignements et d'imiter sa vie, au mieux de ce que les circonstances de sa propre vie lui permettent. S'étant efforcé d'aimer Dieu et son prochain comme lui-même, il devient ami de Dieu et, après cette vie terrestre, poursuit cette même vie là où demeure le Christ réssuscité, dans l'attente de la résurrection finale et de l'avènement définitif et effectif du Royaume de Dieu. Être saint, c'est aimer Dieu sur terre, au point que même la mort ne peut nous séparer de lui : au contraire, elle rend définitif un choix qui, ici-bas, pouvait toujours être sujet au changement, à l'abandon ou à la trahison, mais qui dans l'éternité devient gravé dans le marbre, si l'on peut dire, l'absence de temps scellant pour toujours notre décision. 

            On le voit, il ne suffit pas de naître pour être saint. Ou d'être baptisé. Ou de venir à la messe. Tout ceci est indispensable (en tous cas, si quelqu'un connait une autre route qui mène de façon certaine au Royaume de Dieu, qu'il la fasse breveter, il va devenir riche), mais ce n'est que le terreau où doit pousser l'amour de Dieu et du prochain, incarné par le don de soi, dans tous les aspects, privés et publics, de notre vie. Nous sommes libres, le choix nous appartient. Alors, pour ou contre l'amour en Jésus Christ, et la confiance en sa parole ? Nous avons toute notre vie terrestre pour nous décider. Mais pas plus. La vie éternelle ne sera que la conséquence logique et inéluctable des actes engendrés par ce choix, et de la réponse que nous lui donnons chaque jour que Dieu fait.