C'est souvent une bonne chose de ne pas connaître la vie des gens qu'on enterre.
Ça permet d'être bienveillant envers tout le monde.
L'Église chrétienne a, depuis sa fondation, vocation à être universelle,
portant aux quatre coins du monde la parole du Christ, selon son commandement,
pour réunir tous ceux qui le suivent dans une seule et grande famille
(ce qui n'a rien à voir avec une quelconque velléité de colonisation, soit dit en passant).
Pour cette raison, quand une église particulière devient "nationale" ou, pire encore, nationaliste,
c'est une abomination et un contresens.
Les évêques qui ont favorisé le "tout laïc" pour anticiper un manque de prêtres
ont tué toute véléité d'accepter la vocation sacerdotale dans leur diocèse.
Qui voudrait donner sa vie au Christ, renonçant à des choses quand même importantes,
pour n'avoir ensuite aucun pouvoir décisionnel dans sa paroisse,
même au niveau liturgique ou sacramentel, qui sont au coeur de la raison d'être des prêtres ?
À vouloir trop anticiper les catastrophes, parfois, on les provoque.
Les religions bricolées à la maison, hors du circuit sacramentel et liturgique des paroisses,
sont souvent bourrées de bizarreries et de superstitions.
On y trouve des expressions gestuelles étranges,
un rejet clair et net de nombreux enseignements du Christ et de l'Église,
des hérésies et un syncrétisme fait de bric et de broc.
Le but de la religion lui-même est bricolé, puisqu'il s'agit de "se sentir bien",
et non plus d'être sauvés.
Ceux qui ne viennent plus à la messe le dimanche ont toujours d'excellentes raisons.
Ils ont été choqués par des scandales financiers ou sexuels dans l'Église,
il y a des choses dans la foi chrétienne qu'ils n'acceptent pas ou qui leur semblent débiles,
ou leur situation personnelle ne supporte pas d'être en porte-à-faux avec la morale chrétienne.
Toutes ces raisons sont compréhensibles, et ce ne sont pas nécessairement de simples excuses.
Mais est-ce qu'aucune d'elle justifie d'abandonner le chemin sûr et voulu par Jésus
pour parvenir sans encombres à la vie éternelle et à la résurrection en présence de Dieu ?
Doit-on s'arrêter en chemin et abandonner la route chaque fois qu'on y voit un accident ?
Est-ce qu'on va laisser le péché gagner et nous éloigner définitivement de l'amour de Dieu,
qu'il s'agisse du nôtre ou de celui des autres ?
Quand on demande pardon à quelqu'un à qui on a fait du mal,
le but n'est pas de se sentir mieux et d'avoir la conscience tranquille,
mais que la personne blessée se sente mieux et aille mieux.
Si ce n'est pas le cas, il n'est pas étonnant qu'elle refuse de pardonner,
et il faudra alors voir ce qu'elle demande pour aller mieux et en tenir compte.
Où sont le respect de la liberté et de la responsabilité personnelles,
quand on prétend imposer à des personnes qui ont fait le choix de haïr Dieu
en traitant les autres avec violence, mépris, haine, méchanceté, injustice, dureté, jalousie,
en leur faisant subir des tortures ou des privations,en leur pourrissant sciemment la vie...
quel est donc, disais-je, le respect de leur liberté, quand on prétend imposer à de telles personnes
de vivre éternellement en présence de ce Dieu dont ils ont haï et détruit ce qu'il avait de plus beau,
à savoir les hommes et les femmes qui les entouraient,
et de vivre en sa présence, en plus, pour l'éternité ?
Il y a des personnes qui haïssent de tout coeur Dieu et leur prochain.
Prétendre qu'ils iront quand même au paradis parce que Dieu est gentil,
c'est non seulement invraisemblablement ignorer l'intégralité de ce que Dieu révèle dans la Bible,
mais c'est aussi, au nom de la gentillesse, être paternaliste et autoritaire
en niant le droit à la responsabilité de leurs actes à tous ceux qui agissent mal de façon volontaire.
Le principe même du protestantisme m'a toujours étonné.
Jésus n'a jamais dit "sur les seules écritures je bâtirai mon Église",
mais il a dit à Pierre "tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église".
Quand on est censé connaître plus ou moins par coeur les Écritures Saintes,
il est tout de même difficile de ne pas s'être rendu compte de la différence.
C'est important de ne pas être possessif quand on est curé de paroisse.
Si on veut que les gens aillent à la messe, ce n'est pas pour remplir "notre" église,
c'est pour leur propre bien, pour qu'ils se rapprochent de Dieu et deviennent ses amis.
Peu importe qu'ils aillent chez nous ou n'importe où ailleurs : tant qu'ils y vont,
le but, qui est leur propre bien, est atteint.
Je suis toujours sidéré par le nombre de gens qui pensent
que dire qu'on est croyant non pratiquant signifie quelque chose.
Peut-on être amoureux non pratiquant ? Obéissant non pratiquant ? Confiant non pratiquant ?
Non, parce que c'est une formule qui sonne bien, mais qui ne veut rien dire.
Savoir que Dieu existe, ce n'est pas être croyant, c'est juste être instruit.
Avoir foi en quelqu'un, ce n'est pas la même chose que juste savoir qu'il existe vraiment,
et je ne peux pas affirmer que j'ai foi en quelqu'un
si je ne tiens jamais aucun compte de ce qu'il me dit de faire.
Je crains fort que le nombre de chrétiens qu'il y a dans le monde ne soit largement surestimé.
Oh, bien sûr, il y a un ou deux milliards de baptisés.
Mais combien s'efforcent de leur mieux de vivre selon les enseignements du Christ,
d'aimer Dieu par dessus-tout et leur prochain comme eux-mêmes,
avec l'aide hebdomadaire, voire journalière, des sacrements et de la prière ?
Chacun est libre de donner aux pauvres s'il le souhaite,
c'est une façon simple et habituelle de mettre en pratique les enseignements du Christ.
Je connais beaucoup de chrétiens qui le font chaque mois depuis de nombreuses années
et qui sont très heureux d'avoir l'opportunité d'aimer ainsi qui est dans le besoin.
Quand on est parent, le fait d'aller à la messe ne dépend plus de nos propres envies :
il s'agit du bien de nos enfants, en particulier quand on les a fait baptiser.
On a demandé à Dieu de les adopter, au jour de leur baptême.
Il est logique, ensuite, de lui amener ses enfants chez lui au moins une fois par semaine.