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Paradis, enfer, purgatoire... des réponses claires.

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samedi 1 octobre 2022

            Nous fêtons aujourd'hui sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face, de son nom de religion complet. Elle est, à mon avis, et si tant est qu'il soit judicieux d'établir un classement, la sainte la plus essentielle de la fin du XIXème siècle. En effet, l'Église était encore un peu teintée, par endroits, de restes de jansénisme, qui confondait humiliation et sanctification, dureté de vie et volonté de Dieu, vie religieuse et christianisme. On pensait encore, de façon courante que, pour devenir saint, il était impératif de passer par la vie religieuse, et que la sainteté était réservée aux héros de la foi, mais absolument hors de portée du baptisé lambda. Et plus un supérieur était dur, exigeant et inflexible envers sa communauté, plus il les aidait à se purifier pour devenir saints. C'est dans cette ambiance froide et austère que s'est développée la petite rose enjouée de Dieu, la petite Thérèse souvent dépassée, alors qu'elle était enfant, par un enthousiasme et une affectivité envers la Vierge Marie et envers Jésus à la limite de l'exubérance. Ayant le projet de consacrer sa vie à Dieu, elle n'a de cesse de parvenir à entrer en religion. Et là, malgré ou peut-être grâce à ses limites, elle fait le ménage à elle seule dans la façon de voir la relation à Dieu, toute empreinte de formalisme et de dureté, et elle lui rend l'insouciance joyeuse qui a marqué la naissance du christianisme, quand Jésus n'appelait plus ses apôtres serviteurs mais amis, quand il prenait des petits enfants dans les bras pour les embrasser, quand il allait, tout simplement, manger et dormir chez les uns et les autres, sans faire de façons et sans rien exiger. 

            Pour elle, le chemin à suivre pour vivre l'évangile est d'une simplicité déconcertante : il faut aimer, c'est tout. Aimer Dieu, qu'elle suit de l'enfance à la croix déjà dans son nom de religion. Et qu'elle va suivre aussi dans le chemin de sa vocation, parce que ce qui est remarquable avec elle, c'est qu'elle aura, en très peu d'années, suivi Jésus pour ainsi dire dans sa propre vie. Enfant, elle aime et suit Jésus enfant. Mais sur la fin de sa vie, elle perd, de son propre aveu, la Foi. Quand Jésus criera "mon Dieu, mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné" sur la croix, elle pourra en dire autant, elle qui est dépouillée de ce qui était la boussole de sa vie depuis toujours. Elle avait la curiosité de comprendre les athées, au début de sa vie religieuse. Cette curiosité sera comblée au-delà de ce qu'elle en attendait. Et c'est là qu'intervient la deuxième partie de ce qu'elle nous a transmis par sa vie. Aujourd'hui, le monde cherche, dans l'expérience religieuse, un ressenti, une émotion, un frisson qui constitue, en soi, le coeur de leur recherche. Certains considèrent même que, sans ces sensations, la foi ne serait qu'hypocrisie. Quelle erreur funeste, qui confond la recherche de soi avec la recherche de Dieu, les émotions avec la vérité, le retour sur investissement avec la gratuité de l'amour ! Chez la petite Thérèse, rien de tel. Elle a la Foi ? Elle la vit joyeusement, dans l'objectivité du don de soi par la vie religieuse, les temps d'adoration, qu'elle y dorme ou pas, la vie liturgique, la pauvreté, la chasteté et l'obéissance, et les petits gestes discrets d'amour du prochain, comme quand elle s'asseoit systématiquement à côté de la soeur qui a mauvaise haleine et que personne ne supporte à cause de ça. Elle n'a plus la Foi ? Elle continue, sans sourciller, à suivre la même route, sur laquelle elle est pourtant désormais aveugle et sourde, mais pas boiteuse pour autant. Elle "continue à faire comme si", parce que même si elle ne ressent plus rien, elle sait, au fond de son coeur, que c'est le chemin du Salut, et que sa persévérance est plus importante que ses émotions. 

            Ô Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, intercède pour nous, pour notre monde si superficiel, si tourné vers lui-même qu'il en oublie le bon Dieu, si perdu qu'il confond religion et recherche du bien-être spirituel. Guide-nous sur le chemin du Salut que tu as suivi ta vie entière : le don de soi à Dieu et à ceux que nous aimons, les yeux tournées vers le Christ, notre Sauveur.