La tentation du pouvoir, qu'il soit autocratique ou non, de s'approprier la religion, n'est pas nouvelle.

Il y a toujours eu des gens, au cours de l'histoire, même dans la hiérarchie de l'Église, 

qui ont trouvé de bonnes raisons pour accepter, parce qu'ils y trouvaient leur intérêt personnel.

Mais si l'esprit du monde en soi est déjà incompatible avec le Christ, 

l'esprit de ceux qui sont attachés au pouvoir et qui veulent profiter de la religion 

pour que leur emprise sur le peuple soit encore plus complète, 

en tordant la morale chrétienne pour qu'elle s'accomode de leur agenda personnel, 

est irréconciliable avec la foi chrétienne transmise par la succession apostolique.

Il n'y a absolument aucune bonne raison pour justifier d'inféoder la foi à un gouvernement, 

quel qu'il soit et pour quelque raison que ce soit. 

Les conséquences pour les églises particulières qui ont accepté sont visibles aux yeux de tous, hélas,

le pire étant qu'elles ont détourné de la fidélité au Christ des populations entières, de manière subtile,

en gardant l'apparence extérieure d'une obéissance ("améliorée", bien entendu) aux Évangiles

pour mieux cacher leurs ambitions économiques, sociales, philosophiques et politiques.

J'ai souvent vu des gens qui veulent se servir de Dieu, de leur foi ou de l'Église

à des fins personnelles, qu'il s'agisse d'influence, de pouvoir, de reconnaissance

ou dans l'espoir de gagner de l'argent d'une façon ou d'une autre.

C'est très mal avisé. 

Dieu n'est pas un moyen pour une fin, mais la fin ultime de tout ce qui existe.

Vouloir se servir de lui ou de ce qui lui appartient pour son intérêt personnel, 

c'est s'exposer à devoir inévitablement lui rendre des comptes en étant, sans le moindre doute,

parfaitement coupable.

En effet, s'il y a bien quelque chose qui le fait sortir de ses gonds régulièrement dans la Bible,

c'est de détourner, de corrompre ou d'utiliser la religion à ses propres fins, 

détournant ainsi beaucoup de gens de lui et les menant à leur perte, 

ce qui est un péché contre l'Esprit Saint.

Aujourd'hui, alors que nous fêtons Marie, mère de l'Église, l'évangile nous mène au pied de la croix. Mais pas si vite. Il y a quelque chose de frappant dans les rapports entre Jésus et sa mère. Quand il est allé avec ses parents en pélerinage à Jérusalem, et qu'il est resté en arrière pour parler avec les docteurs de la loi, une fois que Joseph et Marie l'ont retrouvé, ils l'ont ramené à la maison. Marie lui dit de rentrer, il est encore trop tôt pour commencer sa mission, et il obéit. Puis, à Cana, c'est Marie qui lui demande d'intervenir : c'est elle qui lui demande de reprendre la mission, et il obéit. Et là, tout d'un coup, on se souvient du quatrième commandement donné à Moïse : honore ton père et ta mère, afin d'avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Et ce commandement prend une dimension nouvelle, parce que la terre que nous donne Dieu n'est pas de ce monde, nous le voyons avec la mort de Jésus en croix : il s'agit de la terre nouvelle et des cieux nouveaux de la résurrection. Jésus ayant vécu parfaitement le commandement qu'il avait lui-même donné à Moïse, la récompense qui lui est liée ne saurait lui être refusée. C'est donc qu'elle n'est pas de ce monde, en vérité. Eh bien cette mère à laquelle il ne pouvait rien refuser, voilà qu'il la donne à Jean, et à travers lui, à nous tous qui appartenons à l'Église. Puissions-nous avoir envers elle la même délicatesse, le même esprit filial, la même obéissance qu'avait Jésus ! Marie n'a pas seulement du bon sens, elle est remplie de l'Esprit Saint, qui nous donne bien souvent ses grâce à travers elle, aquaeductu gratiae, l'aqueduc de la grâce, comme l'appelait saint Bernard. On reproche souvent à l'Église de ne pas laisser assez de place aux femmes. Or ce qui compte, ce n'est pas d'abord la place que l'on y occupe, mais la sainteté de chacun. Pour ce qui est de la place, de toutes façons, Marie a la première, à la droite de Dieu, indéniablement. Quant à la sainteté, personne ne peut prétendre lui arriver à la cheville. L'Église a certes un père, qui est Dieu. Mais il a aussi une mère, qui est la très sainte Vierge Marie. Réjouissons-nous, n'oublions pas de l'honorer et, dans la mesure de nos moyens, d'imiter d'elle ce qui peut l'être.

Il n'y a rien de plus facile que de recevoir l'Esprit Saint, Dieu lui-même :

il suffit de recevoir le baptême.

Encore faut-il le faire.

Ce n'est pas parce que c'est simple de le recevoir que l'on peut se passer de ce sacrement

et espérer recevoir Dieu en soi sans même prendre la peine de lui ouvrir la porte. 

On ne peut pas devenir aveugle pour ne pas voir les défauts des autres.

On les voit, c'est tout.

Ce qui compte, c'est que l'on en fait. 

Les jeter à la face de la personne qui les a ne sert à rien.

Les colporter à ceux que ça ne regarde pas encore moins.

Prier pour que la personne puisse se corriger, voilà une bonne oeuvre.

S'efforcer de ne pas les reproduire soi-même, voilà quelque chose d'utile à tous.

Je plains ceux qui n'ont aucun idée de la raison de leur existence, 

et qui n'ont d'autre perspective que le monde matériel à considérer.

Je ne sais pas quelle raison ils trouvent pour justifier la valeur de la vie,

s'ils croient qu'elle est de toutes façons inexorablement vouée à disparaître définitivement.

C'est bien le problème, d'ailleurs. 

Il est assez logique qu'ils considèrent qu'elle ne vaut pas grand chose, 

et qu'on peut en disposer comme bon nous semble, 

qu'il s'agisse de la nôtre, de celle des enfants à naître, 

ou de celle des personnes malades ou souffrantes qui n'ont pas de rémission possible.

Sans Créateur, la créature n'a pas de sens.

Sans vie éternelle, la vie terrestre n'en a pas vraiment non plus.

Il semblerait qu'aujourd'hui les hommes doivent être des "mâles alpha", 

et les femmes des personnes fortes et indépendantes qui n'ont besoin de personne.

Toutes ces démonstrations extérieures de toute puissance n'ont aucun sens : 

nous sommes tous mortels, aucun de nous n'est Dieu, et il est plus utile d'apprendre à lui obéir

que de s'efforcer à grand peine de se prendre pour lui, entreprise vouée à l'échec par nature.

La sagesse divine est accessible seulement 

à ceux dont l'humilité est supérieure à l'intelligence.

J'espère que les piscines seront remises comme avant le covid à Lourdes.

Recevoir de l'eau dans les mains, ce n'est pas la même chose que se plonger dedans.

Je comprends que ce soit plus simple que se déshabiller, se couvrir d'une épaisse toile mouillée,

se mettre dans une eau glacée, et se rhabiller sans s'être essuyé.

Mais cet acte de foi et d'humilité doit pouvoir être vécu par ceux qui le désirent, 

sinon Lourdes n'est plus Lourdes. 

Prêcher tout le temps sur l'enfer serait bizarre. Mais ne jamais le faire l'est tout autant, 

tout comme le serait le fait de dire des stupidités du genre "l'enfer n'existe pas ou alors il est vide".

C'est un très mauvais service à rendre au peuple de Dieu que de trahir l'Évangile du Christ,

et de l'amputer de tous les avertissements que Jésus nous donne 

sur la possibilité tout à fait réelle d'être exclus du Royaume de Dieu pour l'éternité.

Il ne faut pas confondre la liberté d'agir comme bon nous semble

avec celle qui consisterait à décider souverainement des conséquences de nos actes.

J'ai parfaitement le droit de décider de mettre ma main sur une flamme, 

mais je ne peux pas décider que le feu ne me brûle pas si je le fais.

Ce n'est pas parce que nous sommes bons que Dieu nous sauve, 

mais c'est parce que Dieu nous sauve 

que nous nous efforçons de devenir bons comme lui est bon.

Si un riche est entouré de pauvres et qu'il veut garder ses richesses, il n'a pas le choix : 

il faut qu'il enrichisse tout le monde. Ainsi, ils auront autre chose à faire que d'être jaloux de lui, 

ils le laisseront tranquille, et il pourra même faire du commerce avec eux.

Mais s'il veut entre en guerre contre les pauvres pour juste se débarasser d'eux,

c'est lui qui finira, tôt ou tard, par disparaître sous le nombre de ceux qui sont dans le besoin

et qui, eux, contrairement à lui, n'ont rien à perdre.

Le discours qu'a donné saint Paul sur l'aréopage d'Athène était très bon, 

et pourtant il a complètement floppé.

Quand on s'adresse à des gens qui se considèrent comme des lumières intellectuelles, 

les arguments de la sagesse de Dieu n'ont aucun effet, malheureusement pour eux, 

parce qu'ils pensent être au-dessus. 

Ils croient trop en eux pour pouvoir croire en Dieu, ils n'ont juste pas de place pour lui. 

Aller picorer dans toutes les religions, s'intéresser à tous les gourous qu'il y a un peu partout, 

sous prétexte d'ouverture d'esprit et d'amour universel, 

c'est une excellent méthode pour s'éloigner de Jésus et de Dieu son Père, sans s'en rendre compte, 

et en croyant même que l'on est plus instruit, intelligent et saint que les autres. 

La foi n'est pas juste une connaissance de Dieu, mais une confiance totale en sa Parole.

Or le seul qui a les paroles de la vie éternelle, comme le confesse saint Pierre, c'est le Christ. 

Aller farfouiller n'importe où ailleurs est, dans le meilleur des cas, une perte de temps et, dans le pire,

un moyen très sûr de se tromper de chemin, de se perdre et de ne jamais parvenir à notre but.

Quand on en a marre de tout et qu'on est fatigué de la bêtise du monde, 

aller passer un moment à l'église, devant le tabernacle, ça fait du bien.

On se reconnecte à notre origine et à notre fin, à la vérité et à la vie. 

Ce n'est pas magique, mais un moment passé avec Dieu n'est jamais vain. 

On peut être parfaitement honnête dans ce que l'on affirme, tout en étant loin de la vérité.

Il suffit d'être mal informé. 

Et le réel n'a aucune raison, ni aucune possibilité, de s'adapter à ce que l'on croit qu'il est : 

il est ce qu'il est, c'est tout. 

C'est la raison pour laquelle être franc comme l'or ne suffit pas pour avoir raison : 

encore faut-il avoir eu accès à la vérité, 

chose infiniment plus difficile, délicate et fine à obtenir que ce qu'on s'imagine, 

mais pas impossible, si on écoute ce qui sort de la bouche de Dieu lui-même, 

parce que toute vérité vient de lui. 

Il est impossible de ne jamais souffrir, parce que nous vivons dans un monde pécheur, 

et le péché a toujours des conséquences douloureuses, qu'il soit le nôtre ou pas.

Mais au moins, s'il est inévitable de souffrir tôt ou tard, que ça ne soit pas de notre faute.

Mieux vaut être innocent aux yeux de Dieu que de mériter ce qui nous arrive, 

car c'est lui qui rendra tôt ou tard justice à l'innocent et condamnera le coupable.

L'habit ne fait pas le moine, ok.

Mais un moine sans habit, pour beaucoup de monde, 

ne sera jamais considéré comme un moine.

Que ça nous plaise ou non, c'est un fait : 

la façon dont s'habillent les consacrés a une influence

sur la façon dont le monde les prends au sérieux ou pas. 

Je n'ai jamais considéré que l'on puisse "mériter" d'être aimé.

L'amour est un don gratuit, pas un dû. 

Les gens incapables d'aimer quelqu'un d'autre qu'eux-mêmes 

sont fondamentalement seuls au monde.

Quand on considère les autres comme des commodités, des nuisances ou des instruments, 

il est inévitable de se sentir seul, c'est d'une logique imparable.

Ce n'est que quand on donne sa vie pour les autres que cette solitude se brise

et qu'on fait à nouveau partie de l'humanité.

Quand nous manquons d'amour, ça nous fait du mal. 

Le péché porte en lui-même sa punition.

C'est notre intérêt d'ouvrir notre coeur, 

et de ne pas y entretenir égoïsme, jalousie, rancoeurs, mensonges ou désirs de vengeance, 

parce que ce sont des épées à deux tranchants, 

et on se blesse autant que l'on blesse les autres à les utiliser. 

Ce n'est pas la peine de chercher un autre sauveur que le Christ, 

parce que personne d'autre ne peut nous conduire à la résurrection dans le royaume de Dieu.

À quoi cela servirait-il d'être "sauvés" uniquement pour mourir ensuite ? 

Ne perdons pas notre temps à suivre d'autres chemins que celui de Jésus Christ.

On s'étonne que Dieu ne fasse pas plus de miracles pour ceux qui l'aiment, 

quand ils lui demandent des menus services en le priant.

Mais si un milliardaire donnait de l'argent chaque fois qu'un de ses amis l'en prie, 

comment pourrait-il savoir qui sont ses amis, ceux qui l'aiment lui et non son argent ? 

C'est Dieu qu'il faut aimer, pas les avantages que l'on attend de lui.

L'amitié véritable est parfaitement désintéressée, ou elle n'est pas. 

Notre possession la plus importante en ce bas-monde, c'est nous-même, 

et nous ne le possédons même pas, ce n'est qu'un prêt qu'il faudra rendre. 

Aucune possession terrestre ne pourra jamais changer ce fait, 

et accumuler goulûment les biens de ce monde n'est pas la bonne réponse à ce dilemme. 

Quand j'étais plus jeune, il y avait un mouvement de pensée (enfin, façon de parler...),

parmi certains chrétiens, je ne sais pas où ça en est maintenant, 

qui prétendait qu'on était déjà ressuscités.

Alors à part le fait évident qu'il faut être drôlement aveugle 

pour ne pas constater qu'on est toujours mortels, contrairement aux ressuscités, 

ça pose aussi un problème, parce que ça fait croire qu'on est déjà arrivés à notre but ultime

alors qu'on est toujours en train de courir. 

Pour démotiver quelqu'un à tenir bon jusqu'au bout et à s'efforcer d'agir le mieux possible, 

c'est de première. 

Dans l'un des scandales actuels aux États-Unis, 

quelqu'un n'a pas tremblé des genoux en affirmant fièrement : 

"ici on ne tolèrera pas l'intolérance". 

Ça arrive 55 ans après "il est interdit d'interdire", 

et pourtant ça reste tout aussi insultant pour l'intelligence. 

Chesterton a raison, dans son livre Orthodoxy. 

L'humilité chrétienne authentique consiste à douter de soi-même, mais en aucun cas de notre foi. 

Or beaucoup de chrétiens aujourd'hui doutent de leur foi, qu'ils n'osent imposer à personne, 

et même pas affirmer, par ce qu'ils imaginent être de l'humilité intellectuelle;

par contre ils ne doutent absolument pas d'eux-mêmes, 

au point de ne plus jamais s'approcher d'un confessional 

ni d'un prêtre pour les orienter ou leur enseigner quoi que ce soit. 

Ce qu'ils prennent pour de l'humilité n'est que l'ignorance, entretenue avec acharnement,

de celui en qui ils sont censés croire, et de qui ils sont eux-mêmes.

C'est un peu pathétique d'identifier une marque à sa personnalité, comme si elle faisait partie de nous.

Qu'on aime plus le coca ou le pespi, qu'on soit plutôt mac ou pc, renault ou peugeot, etc, 

très bien, que chacun ait ses préférences, toutes sont justifiables. 

Mais de là à devenir des publicités ambulantes ou à prendre la tête à tout le monde

comme si on avait quelque chose à gagner personnellement aux ventes du produit, 

jusqu'à être prêt à en découdre à la première occasion avec les tenants de la marque concurrente,

c'est un peu excessif et surtout, ça n'a pas tellement de sens. 

Surtout quand, pour les choses qui ont réellement de l'importance, comme le fait d'être chrétien, 

on s'abstient soigneusement de faire savoir à qui que ce soit que ça, en revanche, 

ça définit réellement qui nous sommes. 

C'est surprenant que Dieu n'ait pas choisi un rabbin pour être le père de Jésus, 

mais un simple charpentier. 

Comme quoi il n'y a pas besoin d'être un spécialiste de la religion ou un consacré pour plaire à Dieu, 

être quelqu'un de juste suffit. 

Les gens qui exigent des autres d'être tolérants envers eux

n'ont habituellement pas le moindre début de tolérance envers ceux 

qui n'obéissent pas servilement à leur injonction. 

Étonnant, non ?