Couv

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Paradis, enfer, purgatoire... des réponses claires.

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aléatoire

mardi 1 mars 2022

            Aujourd'hui nous avons un de ces évangiles écrits comme des contrats d'assurance, avec des petites lettres auxquelles personne ne prête attention. Pierre demande à Jésus combien ça va rapporter, de l'avoir suivi. Préoccupation bien légitime quand on a tout quitté pour courir les routes à la suite d'un Messie voyageur. Je suppose qu'à l'époque, se mettre au service d'un prophète vient avec des avantages, et pas seulement des promesses spirituelles. Du coup Jésus lui répond, et en effet, ça rapporte ! Le centuple de ce que l'on a quitté, rien de moins, et la vie éternelle dans le monde à venir, ce qui fait un beau bonus inespéré. Et n'allez pas croire que c'est juste une façon de parler. Juste au bénéfice de l'argument, permettez-moi de parler un peu d'un cas que je connais bien, car il s'agit du mien. De formation scientifique, on m'a enseigné que tout ce que l'ont croit être vrai en science devait passer par l'épreuve du test, sans à-priori, afin de voir si la théorie correspond vraiment à la pratique, ou si le résultat de la pratique nous oblige à réviser la théorie et à l'affiner. Or ça me titillait, cette histoire de centuple. On est loin des revenus du livret A, même revalorisé. Alors j'ai fait le test. J'ai tout vendu, tout donné, et je suis parti à l'autre bout du (tiers) monde pour suivre le Christ, histoire de voir ce que ça rapportait. Et je n'ai pas été déçu. Certes, j'étais dans une communauté religieuse, pas livré à moi-même dans la rue. Mais je n'ai jamais manqué de rien, ayant des maisons à disposition dans de nombreux pays, des voitures, des enfants (alors que ça je n'en avais même pas laissé derrière moi !), de la famille en pagaille, des terres comme s'il en pleuvait. Bien sûr, rien de tout ceci ne m'appartenait vraiment, et je n'avais même pas un compte bancaire. Mais je pouvais user de tout, sans le moindre souci qui accompagne normalement la possession de biens temporels. 

            Bon d'accord tout ça c'est très bien, c'est quoi la clause en petites lettres ? Eh bien Jésus nous dit qu'on aura le centuple si on quitte tout pour le suivre, mais il ajoute "avec des persécutions", et ça je n'y avais jamais prêté attention. Pourquoi des persécutions ? Eh, parce que l'amour n'est pas aimé, et que quand on voue sa vie à aimer, on va inévitablement se retrouver confronté, tôt ou tard, au mur de la réalité. "Tendons des pièges au juste, puisqu'il nous gène", peut-on lire au livre de la Sagesse. Oh, on n'est pas plus juste que les autres pour être disciple du Christ, mais Jésus, lui, l'est, et on est vite assimilés à son message quand on l'annonce sans le frelater. Or il est dur, ce message, pour les pécheurs. Jésus, pourtant doux et humble de coeur, se retrouvera au final crucifié uniquement pour avoir révélé les pensées secrètes d'un grand nombre. Et si on a traité ainsi le bois vert, qu'en sera-t-il du sec, c'est à dire de ses disciples, qui se retrouvent à dénoncer des péchés auxquels il peut leur arriver de participer parce que, contrairement à lui, ils ne sont pas exempts de fautes ? Et bien disons que, quand on quitte tout pour suivre le Christ, on s'expose aux persécutions, tant du dehors, de la part de ceux qui haïssent l'Église, que du dedans, à cause du danger des faux-frères, mais surtout du combat qui a lieu en nous entre le bien que l'on voudrait faire et qu'on ne fait pas, et le mal que l'on ne voudrait pas faire et que l'on fait, prisonniers de ce corps de mort que dénonçait déjà saint Paul. 

            C'est bien, de tout quitter pour suivre le Christ. Je ne peux que le conseiller. Mais ne soyons pas étonnés si ça nous coûte des persécutions, parce que ça fait partie du pack.