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Paradis, enfer, purgatoire... des réponses claires.

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aléatoire

mercredi 5 août 2020

            Tiens, l'évangile d'aujourd'hui est un peu particulier, parce que Jésus ne semble pas y être particulièrement aimable : "il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens". On a déjà vu mieux dans le politiquement correct. Pourquoi parle-t-il aussi durement ? Tout d'abord, la femme à qui il s'adresse vient des territoires de Tyr et de Sidon, qui n'ont pas vraiment bonne réputation. Tyr a commis l'erreur fatale de se réjouir de la chute de Jérusalem sous les attaques Babyloniennes, alors que les deux villes étaient d'abord alliées. Et Sidon, ville phénicienne alliée à Tyr, a aussi participé à la destruction du royaume de Juda à la même époque. Et puis, cette femme est Cananéenne, non juive, or les juifs, de l'époque de Moïse à celle de Jésus, appellent "chiens" les non-juifs, c'est une appellation courante. Ainsi, l'un des serviteurs de Moïse est non-juif, et son nom, Caleb, signifie "fils de chien". Ce n'est pas très sympa, mais c'est une expression habituelle qui, si elle reste blessante, n'est pas pour autant particulièrement injurieuse, parce qu'elle a perdu de son piquant au cours des siècles. Jésus, pour atténuer malgré tout ce que cette expression a de dur, dit "petits chiens", il la minimise encore un peu. 
            Bien, mais que dit Jésus, du coup ? Ce qu'il a souvent répété : il est venu sauver les brebis perdues d'Israël en priorité. C'est bien ainsi que ses apôtres ont compris sa mission au début, eux qui iront de synagogue en synagogue pour transmettre son message. Mais devant la foi de la femme, il lui donne le salut qu'elle attendait de lui, il guérit sa fille. Tout comme, devant la fermeture des lettrés et de la plupart des pharisiens à l'annonce de Jésus, et devant l'enthousiasme des nations païennes, les apôtres, très vite, décideront de les faire participer au salut du Christ. 
            Jésus est Juif. Le Christianisme est une religion du Moyen-Orient. Par charité, elle nous a cependant été transmise, à nous qui ne faisions pas partie du Peuple Élu. C'est peut-être évident pour certains, mais pas pour tous, visiblement, étant donné qu'il y a des gens pour penser qu'on peut être chrétien sans aimer les Juifs, dans le sens "descendants de Juda, fils de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham". Notre appartenance au Christ n'est, en aucun cas, méritée. C'est un pur cadeau, offert par amour du prochain. Pensons-y, quand on prétend, au nom de cette appartenance, mépriser qui que ce soit parce qu'il n'a pas, à nos yeux, la bonne origine ou la bonne religion.