Nous fêtons aujourd'hui saint Irénée, deuxième évêque de Lyon. Il succède à saint Pothin, martyr. Venu de Smyrne (aujourd'hui Izmir, Turquie), c'est un fin connaisseur des écritures saintes, qui s'attachera à écrire une longue dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, son oeuvre majeure, Contre les hérésies. La gnose est aux religions ce que le lierre est aux arbres : un parasite qui semble en faire partie mais qui, si on le laisse se développer, finit par tuer l'arbre qu'il a envahi. Sous des prétextes de sagesse cachée, dont se prévalent quelques illuminés, la gnose prétend en savoir plus sur les vérités spirituelles que ce que l'on trouve dans les écritures saintes, reléguant Dieu lui-même au rang de sous-fifre. Dans son livre, entre autre, saint Irénée établit l'importance fondamentale de la succession apostolique, dont l'Église tire sa légitimité. Lui-même, dans sa prime jeunesse, nous dit-il, a connu Polycarpe, l'évêque de Smyrne ordonné par les apôtres. Pour lui, sans le moindre doute, les évêques, successeurs des apôtres, sont les tenants de la Tradition qui vient d'eux, ce qui discrédite toute invention hérétique imaginée, sans aucun lien avec eux, par le cerveau surchauffé du premier venu qui s'auto-proclamerait prophète. D'autre part, il montre comment il fallait que le messie soit Fils de Dieu, mais aussi vrai homme, sans quoi il n'aurait pas pu nous sauver : si ce n'était pas un homme qui avait vaincu l'adversaire de l'homme, l'ennemi n'aurait pas été vaincu en toute justice. D'autre part, si ce n'était pas Dieu qui nous avait octroyé le salut, nous ne l'aurions pas reçu d'une façon stable. Et si l'homme n'avait pas été uni à Dieu, il n'aurait pu recevoir en participation l'incorruptibilité. Il montre aussi que c'est le même Dieu qui est l'auteur des deux testaments, puis s'attachera à montrer la véracité et la certitude de la résurrection de la chair, contre l'hérésie gnostique qui prétend que tout ce qui est matériel est mauvais et haïssable. Son influence est donc majeure dans l'histoire de l'Église, car les principes qu'il a établis ont toujours aujourd'hui la même valeur. Il est d'ailleurs toujours bon de se souvenir, soit dit en passant, que l'institution de la hierarchie catholique (pape, évêques, prêtres et diacres) n'est pas le fruit du hasard ou d'une appropriation malfaisante d'une Église uniforme pour en faire une Église organique par un petit nombre d'arrivistes, mais bel et bien le fruit de la volonté explicite et permanente de Jésus-Christ, aujourd'hui comme au temps des premiers apôtres qu'il a lui-même choisis et établis pour transmettre fidèlement son Évangile au monde.