À choisir, il vaut mieux aimer par sens du devoir, 

sans que ça nous procure des sensations ni des sentiments particuliers, 

que ne pas aimer parce qu'on ne ressent rien qui nous y pousse, 

et qu'on s'imagine qu'il serait hypocrite d'agir contre notre ressenti. 

Confier notre vie à notre sensibilité n'a pas de sens. Nous ne sommes pas de simples animaux.

Nous sommes humains, nous avons un libre arbitre, servons-nous en, 

et écoutons notre cerveau quand c'est la bonne chose à faire, quoi que nous disent nos tripes. 

Les gens dont je me méfie le plus en paroisse, 

ce sont ceux qui veulent faire des "chapelles", des groupes qui veulent faire pression, 

quel qu'en soit le thème et quelle qu'en soit la justification. 

Ceux que j'appelle des "curés bis". 

C'est ce que faisaient les Corinthiens à l'époque de saint Paul :

"moi j'appartiens à Paul", "moi, à Apollos", "moi, à Pierre", revendiquaient-ils

pour n'en faire finalement qu'à leur tête et n'obéir à personne.

Il les a drôlement remis en place. Soit nous appartenons au Christ, et nous sommes chrétiens, 

soit nous choisissons tel ou tel guide, et c'est de lui que nous sommes alors les disciples.

Il faut choisir. 

Pour les disciples du Christ, il n'y a qu'une Église, celle qu'il a fondée sur Pierre, 

et qui transmet fidèlement sa Parole et les Sacrements qu'il nous a confiés

par une hierarchie qu'il a lui-même choisie, appelant ceux qu'il veut, encore aujourd'hui.

Ceux qui se bricolent des petites chapelles à leur taille pour en être le chef tout-puissant

ont choisi leur maître, et ce n'est pas Jésus, c'est eux-mêmes, 

puisqu'ils rejettent ceux que Jésus a mis en place pour les guider. Quelle folie ! 

Seul celui qui est descendu du Ciel peut nous y faire monter. 

Seul le Christ est le chemin, la vérité, la vie.

Ceux qui s'inventent leur petite popote à soi pour en être le maître 

sont bien incapables de sauver qui que ce soit, et même pas eux-mêmes, 

ces charlatans. 

Si la sainteté était atteignable juste par notre bonne volonté, nos efforts et notre perfection, 

ce qui soit dit en passant est une hérésie qui s'appelle le pelagianisme, 

alors pourquoi le Christ serait-il venu mourir sur la croix ? 

Nous n'aurions pas besoin de lui, de son incarnation, de son sacrifice ni de ses sacrements, 

le baptême et la communion ne serviraient à rien, et seraient juste là pour faire joli.
"Nul ne peut venir au Père sans passer par moi", nous a-t-il pourtant dit. 

C'est tout à fait clair, si on a la bonne volonté d'accepter sa Parole sans la discuter. 

Penser qu'on est les meilleurs chrétiens de notre époque, les plus fidèles, les plus obéissants, 

c'est ouvrir tout grand la porte au diable pour qu'il s'installe confortablement dans notre âme.

Tant qu'on ne considère pas sincèrement tout le monde comme supérieur à soi, 

a fortiori quand on pense qu'on est un exemple indépassable de vie chrétienne, 

on n'a pas plus de sainteté en nous qu'un caillou n'a d'âme. 

L'orgueil et la vanité rendent vaines les grâces que Dieu nous envoie pour nous approcher de lui, 

grâces sans lesquelles la sainteté n'est qu'une illusion, une histoire qu'on se raconte à soi-même.

Les gens qui parlent ou prétendent agir au nom de Dieu, ça me fait toujours peur au premier abord.

La parole de Dieu, on la connait déjà, elle est dans les Saintes Écritures. 

Son action, on la connait aussi, c'est Jésus Christ donnant sa vie pour nous sur la croix.

Seulement voilà, ceux qui prétendent être ses impressarios sans en avoir aucun mandat

disent aisément des choses qu'on ne trouve pas dans la bible, ou alors hors contexte, 

et leurs actes consistent rarement à donner leur vie pour les autres, 

mais plutôt à dire à tout le monde ce qu'ils doivent faire, et à punir ceux qui leur désobéissent. 

Expliquer ce que dit la bible sans en pervertir le sens à sa sauce, oui, d'accord.

Donner notre vie les uns pour les autres, oui aussi, mais comme chacun le veut et le peut.

Et pour tout ce qui sort de ce cadre, gardons notre intelligence et notre volonté propres

pour estimer si ça tient la route ou si on cherche juste à nous utiliser à des fins personnelles. 

Croyants, oui, mais pas de n'importe qui ni de n'importe quoi sans réfléchir.

Comment savoir si on est vraiment humble, ou si c'est juste une façade ? C'est bien simple.

Les humbles n'ont rien à craindre des humiliations. 

Elles ne changent rien à ce qui est déjà leur quotidien. 

Mais si elles nous atteignent, c'est que nous ne sommes pas aussi humbles que nous le croyons.

S'il y a bien quelque chose que j'ai pu constater comme si c'était une règle intangible, 

c'est que toute attitude orgueilleuse, hautaine, dédaigneuse ou satisfaite de soi

finit toujours par se payer très cher, tôt ou tard. 

Là où l'humilité ne risque aucun crash, puisqu'elle ne quitte pas terre, pour ainsi dire, 

tout ce qui s'élève doit, tôt ou tard, rejoindre le plancher des vaches, 

et le crash sera d'autant plus violent qu'on a été plus arrogant. 

C'est tout de même curieux, l'évangile du jour. Les pharisiens (qui croient à la vie éternelle, à la résurrection et aux anges) et les sadducéens (qui ne croient à rien de tout cela) s'approchent de Jean le Baptiste pour l'écouter et recevoir le baptême de conversion, et il les envoie bouler. On dirait même qu'il est énervé de leur présence. Ah, mais c'est que Jean est un prophète, comme l'était Isaïe quand le Seigneur lui a donné ce message : "Va dire à ce peuple : écoutez bien, mais sans comprendre; regardez bien, mais sans reconnaître. Alourdis le coeur de ce peuple, rends-le dur d'oreille, aveugle ses yeux, de peur que ses yeux ne voient, que ses oreilles n'entendent, que son coeur ne comprenne, qu'il ne se convertisse et ne soit guéri" (Is 6, 9-10). Il y a là, vraiment, quelque chose de mystérieux. Dieu, son style, ça serait plutôt de chercher à convertir le peuple, envoyant inlassablement des prophètes, au long des âges, comme Jonas à Ninive. Il peut aussi détruire, certes, comme à Sodome et Gomorrhe, quand l'intégralité du peuple s'est détourné de l'obéissance à ses commandements et ne suit plus que ses voies endurcies. Mais il est toujours prêt à faire miséricorde. D'ailleurs ne dit-il pas lui-même : "Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant -oracle du Seigneur Dieu-, et non pas plutôt à ce qu'il se détourne de sa conduite et qu'il vive ?" (Ez 18, 23). Quelle mouche a donc piqué Jean Baptiste ? Est-ce la même qui faisait que Jonas ne voulait pas aller à Ninive ? "Ah ! Seigneur, je l'avais bien dit lorsque j'étais encore dans mon pays ! C'est pour cela que je m'étais d'abord enfui à Tarsis. Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d'amour, renonçant au châtiment." Non, en réalité, ce qui se passe, c'est que Jean voit clair dans le jeu des pharisiens et des saduccéens. Ils veulent, comme toujours, accomplir un rite public qui montre comme ils sont proches de Dieu et obéissants, mais dans le fond de leur coeur, rien ne change, ils sont remplis de méchanceté, de cupidité, de malice et d'orgueil. Ils préfereront faire tuer Jésus que de le laisser prêcher une conversion qu'ils refusent. "Ce n'est pas en disant : "Seigneur, Seigneur !" qu'on entrera dans le royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux", dira plus tard Jésus. N'obéissons pas à Dieu juste en surface, aux yeux du monde, mais dans le fond de notre coeur, en esprit et en vérité. Que ce qui manque aux pharisiens et aux saduccéens ne nous fasse pas défaut, sans quoi c'est pour rien que nous serions devenus chrétiens.

Dieu guérit ceux qui se laissent guérir. 

Il faut oser s'approcher de lui, dans la prière ou les sacrements.

Ceci dit, on nous le montre aussi guérir des gens pour lesquels on a intercédé.

Ça vaut donc le coup de le prier pour ceux qui ne viennent jamais et que nous aimons.

Ah ça, pour que les récalcitrants acceptent de se laisser instruire, 

il faut un miracle tombé tout droit du ciel, c'est sûr. 

Sans ça, c'est mission impossible. 

Il n'y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, 

pas de pire ignorant que celui qui refuse de comprendre. 

Croire que l'on fait tout ce que Dieu veut parce que l'on prie, c'est se faire illusion.

Ce qu'il attend de nous, c'est que nous agissions concrêtement pour le bien de notre prochain.

Est-il donc inutile de prier ? Non, bien sûr, il faut parler avec Dieu autant que l'on veut.

Il ne faut juste pas se contenter de ça comme si ça suffisait pour devenir réellement ses amis.

Saint François Xavier disait, alors qu'il était en mission en Indes, que, 

quand on reçoit une lettre de son supérieur, il faut la lire à genoux, 

et ensuite on l'archive et on fait ce qu'on a à faire, 

parce que ce sont ceux qui sont sur le terrain qui savent le mieux ce qui convient

au peuple qui leur a été confié, pas ceux qui leur écrivent depuis leur bureau. 

Il me plait bien, ce saint.