"Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur". 

Tiens, c'est curieux, Dieu n'a pas dû avoir le mémo, 

aujourd'hui on nous dit à l'envi que tous les dieux de toutes les religions se valent, 

que c'est tous le même, contrairement à ce qu'il a dit à Moïse et que Jésus nous a redit. 

Il y a un truc qu'on oublie souvent dans la confession,

c'est que pour que le pardon de Dieu soit effectif, 

pour qu'il ne nous glisse pas dessus comme de l'eau sur les plumes d'un canard, 

il faut avoir une contrition parfaite, c'est à dire regretter sincèrement ses péchés, 

et donc être fermement décidé à lutter sérieusement pour qu'ils ne se reproduisent pas. 

Si on ne fait strictement rien pour s'efforcer d'éliminer les causes de nos péchés habituels, 

si on garde bien au chaud des tentations à portée de main "au cas où" on en ait à nouveau envie,

alors le pardon de Dieu n'a que l'efficacité d'une couche de mercurochrome sur une jambe cassée. 

Il n'y a pas de dictateur possible sans tout un entourage qui lui permet d'agir comme bon lui semble.

La question n'est donc pas de savoir comment tel ou tel est arrivé au pouvoir, 

ni pourquoi il est impossible de l'en déloger, 

mais quelles attitudes, en chacun de nous, pourraient permettre à de telles personnes d'exister. 

Et une fois qu'on a déniché nos propres veuleries, nos ambitions, nos envies de revanche, 

nos peurs secrètes, nos soifs de richesse, de puissance, d'importance ou d'impunité, 

nous attacher à les détruire une par une, pour qu'on ne fasse jamais partie de ces gens-là.

J'ai toujours du mal à croire qu'un prêtre puisse avoir des ambitions mondaines, 

quand bien même ce ne serait que dans le petit monde que l'on appelle l'Église, 

et ne pas se contenter d'être un disciple du Christ qui a mis sa vie dans ses pas, 

mais vouloir des titres, des avantages, des privilèges, des récompenses ou des premières places.

Quand on sait comment Jésus traitait les professionnels de la religion 

qui ne voyaient là qu'un moyen comme un autre d'enrichissement personnel et de vaine gloire, 

ça ne donne pas envie de faire comme eux : ce sont les seuls qui méritent sa colère, et franchement, 

avoir à subir la colère de l'Amour incarné, non merci, c'est la chose la plus terrifiante au monde !!!

Vive la dernière place ! Et si c'est encore trop ambitieux, autant la laisser à quelqu'un d'autre. 

Il n'y a pas d'amour possible sans renoncement à soi-même, 

c'est cela que Jésus appelle "porter sa croix". 

Aimer, en effet, c'est sortir de soi-même pour se donner à quelqu'un d'autre, 

et c'est incompatible avec le nombrilisme, l'égocentrisme ou le narcissisme.

Aimer quelqu'un pour un intérêt personnel, d'ailleurs, ça ne s'appelle pas aimer, 

mais utiliser, manipuler, se servir des autres ou satisfaire sa curiosité ou son envie. 

L'amour véritable est donc très difficile à atteindre, 

puisqu'il devrait, en théorie, être dépouillé de tout avantage propre pour mériter ce nom. 

Or, en général, quand on aime, c'est que l'on s'aime aussi, quelque part, 

ne serait-ce que parce qu'on est attiré par une personne

ou que ça nous fait plaisir de lui faire plaisir. 

C'est pour cela que, sans la grâce de Dieu, l'amour pur est hors de notre portée, en vrai. 

Les dons de Dieu ne sont pas faits pour être au service exclusif de celui qui les reçoit, 

mais pour être mis au service les uns des autres. 

Si nous ne le faisons pas, si nous les gardons pour nous au lieu d'en faire profiter notre prochain, 

alors il y a de fortes chances pour qu'ils finissent par se tarir. 

C'est important de dire en confession les choses qui nous dérangent dans notre passé, 

nos regrets ou nos remords, parce que parfois, le prêtre nous dira que ce ne sont pas des péchés, 

bon, très bien, au moins on en a le coeur net, mais d'autre fois ça vaut le coup de les faire pardonner.

D'ailleurs, à ce propos, il faut dire les choses clairement, pas par allusions subtiles ou vagues : 

seul ce qui est dit clairement reçoit clairement le pardon de Dieu, 

alors ça vaut la peine de ne pas essayer de noyer le poisson par amour-propre. 

Dans la seule prière que Jésus nous ait jamais enseignée, on commence par "notre père".

"Notre" père. Pas "mon" père. On n'est pas chrétien tout seul, mais en Église, 

c'est à dire en communauté, la relation à Dieu n'est pas égocentrique mais ouverte aux autres

qui deviennent, par la même foi que la mienne, mes frères et mes soeurs. 

On a toujours du mal à croire que ce qui est facile pour nous ne soit pas évident pour tout le monde. 

Pour moi, la perle précieuse, le trésor caché dans le champ, 

c'est d'avoir compris que Dieu est amour, littéralement, c'est à dire que l'amour est son être même.

C'est la clé de compréhension de toutes les Saintes Écritures, des enseignements de Jésus, 

et de toute la théologie de l'Église passée, présente ou future. 

Si on ne comprend pas que nous sommes faits par l'amour et pour aimer, 

qu'il s'agisse d'aimer Dieu ou les autres, 

puisqu'on ne peut en réalité aimer la créature sans aimer le créateur et vice-versa, 

alors on ne comprend rien à rien, l'intelligence du catholicisme nous reste inatteignable

et n'est, au mieux, réduite qu'à des traditions incomprises ou des croyances superstitieuses.

Tout le monde est influençable, ce n'est pas une histoire de QI, d'études ni de formation, 

et plus vite nous l'acceptons, plus ça nous aide à nous méfier de nous-même.

Ceux qui pensent qu'ils sont au-dessus de tout ça sont des proies faciles, 

comme il arrive systématiquement à tous ceux qui sous-estiment leur ennemi.

C'est pour ça qu'on trouve tant d'intellectuels et de hauts diplômés qui tombent comme des fleurs

dans toutes les théories du complot ou les mensonges qui nous envahissent de plus en plus : 

ils sont tellement sûrs de leur faculté de raisonnement qu'ils ne se méfient pas assez

de tout ce qui emprunte un autre chemin, comme les émotions, les scandales ou le goût du secret.

L'amour de Dieu pour le monde, ça se manifeste par une proposition d'alliance : 

"suivez mes commandements et vous vivrez" ou, si on les rejette, "faites ceci et vous mourrez". 

Ce n'est pas une menace, mais une constatation : 

la créature qui rejette son créateur ne peut subsister sans lui, et elle cause sa propre perte. 

Prétendre aimer Dieu et lui désobéir, c'est se mentir à soi-même.

Dans une alliance, on est toujours deux : chacun donne quelque chose à l'autre ou même, parfois,

chacun se donne à l'autre, comme par exemple dans le sacrement du mariage. 

Voilà pourquoi l'amour de Dieu ne suffit pas à notre salut, si nous ne faisons pas notre part du marché, 

si nous rejetons ses commandements, si nous refusons de les mettre en pratique, 

si nous choisissons la mort plutôt que la vie, et notre salut n'est plus assuré en aucune façon, 

parce que quand une alliance est rompue, ce qu'elle promettait n'est plus à l'ordre du jour. 

La meilleure assurance au monde n'assure que ceux dont la cotisation est à jour, 

si on veut faire une métaphore.