Je suis persuadé qu'il y a des chrétiens qui seraient scandalisés si Jésus venait prêcher à leur messe.
Quand il disait : "les voleurs et les prostituées arriveront avant vous dans le Royaume de Dieu",
il ne parlait pas à des racailles de la rue, à des païens ignorants ou à des pécheurs publics, non,
il s'adressait à la crême de la crême de la religion, à ceux qui s'efforçaient d'être fidèles à la loi,
voire qui en faisaient profession et qui faisaient parfois des efforts héroïques pour obéir à Dieu.
Il leur manquait juste un détail, qui était l'amour désinteressé de Dieu et surtout du prochain.
Parce qu'obéir, c'est une chose. Mais on peut le faire parce qu'on est psycho-rigide,
ou pour obtenir la gloire du monde, des intérêts personnels ou la tranquilité d'une bonne conscience.
On peut aussi obéir à l'autorité juste parce qu'on a été éduqués comme ça,
sans chercher à discerner si ce qu'on nous impose est justifié ou non, légal ou non, bon ou pas.
Alors mieux vaut faire le bien pour une mauvaise raison que le mal pour une bonne, d'accord,
mais Jésus ne se contente pas des actes, lui qui voit le fond des coeurs,
et qui sait très bien de quoi nous sommes faits et toutes les pensées qui sont les nôtres.
Les scribes et les pharisiens qu'il ne cesse de tancer n'ont jamais accepté de se remettre en question.
Le problème, c'était ce que Jésus disait d'eux, pas leur façon de vivre, pensaient-ils, le front haut.
Ne faisons pas comme eux. Sans humilité, personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.
Et mieux vaut entendre ici-bas quelque chose qui nous dérange, voire nous scandalise,
alors que nous pouvons toujours corriger notre attitude et nous efforcer de mieux faire à l'avenir,
que d'entendre Dieu le Père nous dire, à la porte du paradis : "Dehors ! Je ne te connais pas !"
Là oui, d'accord, on aura une vraie raison d'être horrifié pour de bon et de grincer des dents.