Je suis toujours ébahi quand je rencontre des gens qui ne jugent ni les personnes ni les actes, 

mais qui laissent chacun être qui il est et faire ce qu'il fait sans émettre le moindre commentaire, 

sans le moindre signe de déplaisir, sans sous-entendus, sans le moindre langage corporel négatif,

même quand ça désobéit frontalement à des ordres qu'ils avaient donnés.

On sait bien qu'il ne faut pas juger si on ne veut pas être jugés soi-même par Dieu, 

mais entre savoir et agir comme on sait que l'on devrait le faire, il y a un monde, 

et je n'ai pas rencontré souvent des sages qui savent s'abstenir sincèrement de toute critique.

Il serait égoïste de vouloir garder le Christ ressuscité ici-bas, sur terre, au milieu de nous.

Bien sûr, ça serait plus confortable pour la foi, personne ne pourrait plus nier la résurrection. 

Mais, d'une part, ceux qui ne veulent pas croire et qui l'ont vu ressuscité n'ont pas cru.

D'autre part, il est juste qu'il retourne auprès de son Père, c'est son intérêt, 

et quand on aime quelqu'un, on accepte qu'il fasse des chose dans son intérêt, 

même si il peut nous sembler que ce n'est pas tout à fait le nôtre. 

Enfin, il nous a envoyé l'Esprit Saint, que chacun de nous peut héberger en son âme, 

rendant Dieu plus présent que jamais chez ceux qui l'aiment et veulent le recevoir, 

ce n'est pas comme si Dieu nous avait abandonné à notre triste sort dans un monde sans lui. 

J'en ai recontré, des veuves âgées, seules et abandonnées, 

qui ont regretté ne pas avoir voulu d'enfants par égoïsme quand elles étaient jeunes, 

et qui se sont rendu compte, mais un peu tard, que ce qui semblait le chemin le plus confortable

était en fait le plus amer au fur et à mesure que les années passent. 

Bien sûr, j'en ai rencontré aussi qui ont eu des enfants qui ne les visitent jamais, 

parce qu'on n'a pas des enfants pour soi, mais pour eux-mêmes. 

Personne n'a jamais dit que la vie était facile, quel que soit le chemin que l'on suit. 

Mais il y en a qui produisent plus de regrets que d'autres. 

On peut tous avoir la tentation de vouloir "sauver le monde", 

surtout quand on est plein d'enthousiasme chrétien tout neuf et tout pur.

Mais il ne faut jamais oublier que, et d'une, le monde est déjà sauvé, 

et de deux, c'est Jésus qui l'a sauvé, et lui seul.

La seule chose qu'il nous demande, à nous, c'est de nous laisser sauver, 

pour que son sacrifice sur la croix et sa résurrection n'aient pas eu lieu en vain. 

Il y a un proverbe chinois qui dit : 

"la peur a frappé à ma porte; la confiance a ouvert : derrière la porte, il n'y avait personne."

C'est tout à fait vrai que la confiance, surtout quand elle vient de notre foi en Dieu, 

peut vaincre toutes les peurs dont le monde ne cesse de nous accabler jour après jour, 

et qui, sans ça, nous paralysent et nous font nous refermer sur nous-même. 

Coeur sacré de Jésus, j'ai confiance en vous ! 

Voilà bien une courte prière propre à enlever le joug des peurs qui cherchent à nous dominer ! 

Nous n'arrivons pas à aimer comme il faut ? 

Il y a des gens que nous sommes incapables de pardonner, 

d'autres qui nous dégoûtent, qui sont méprisables, veules, tordus, traîtres, abusifs, etc... ? 

Jésus ne nous a jamais demandé d'être capables d'aimer par nous-même. 

Il nous a dit de demander au Père, en son nom, tout l'amour dont nous avons besoin. 

Le nôtre est insuffisant, handicapé qu'il est par le péché originel. 

Seul l'amour de Dieu en nous est capable d'aimer comme Dieu veut qu'on aime. 

On ne devrait pas dire : "j'aimerais bien sauver cette personne", 

mais : "j'aimerais bien que cette personne soit sauvée, je vais la confier au Christ". 

C'est lui le seul sauveur, il ne faut jamais l'oublier, 

et c'est encore plus vrai quand on est prêtre 

et qu'on peut être tenté de se prendre pour lui en dehors des sacrements où, c'est vrai, 

nous agissons "in persona Christi",

c'est à dire qu'en réalité c'est lui qui agit à travers nous

comme un peintre se sert d'un pinceau. 

Il n'y a pas d'autre moyen, pour montrer à Dieu que nous l'aimons, 

que de garder sa Parole et d'accomplir sa Volonté. 

Si nous ne l'aimons que par des mots, sans jamais suivre ses commandements, 

et que nous croyons que ça suffit, alors nous vivons dans un mensonge. 

Je me souviens d'une réunion de tous les prêtres diocésains, à Cuzco, 

où tous les vieux prêtres riaient d'être encore présents après toutes ces années, 

malgré leur faiblesse et leurs errements face au péché et aux épreuves de la vie. 

Quand je dis péché, ça ne sous-entend pas des choses horribles ou criminelles, 

mais juste notre incapacité totale à correspondre parfaitement à l'amour de Dieu. 

Ils m'avaient ému. Ils me faisaient penser aux grognards de Napoléon, 

revenus plus ou moins en un seul morceau de ses conquêtes, et qui, à l'occasion, 

devaient, eux aussi, rire de se trouver encore en vie malgré une vie passée

à affronter toutes les difficultés naturelles de la vie ou celles créées par l'humanité. 

Les prêtres, comme les grognards, avaient tenu bon, ces braves. 

Rechercher la sainteté, c'est rechercher Dieu, qui seul est Saint.

Rechercher Dieu, c'est chercher à le connaître, à l'aimer et à suivre ses enseignements.

Dans la mesure où c'est la mission première de tout chrétien, 

il est naturel que tous recherchent la sainteté, non par intérêt personnel ni par orgueil, 

mais juste parce que c'est ce que Dieu veut pour nous : que nous soyons tous en lui. 

Quand on a une discussion avec quelqu'un, 

il est plus important de maintenir l'amour mutuel que d'avoir raison. 

S'aimer les uns les autres est un commandement de Jésus Christ.

Avoir raison à tout prix n'en est pas un. 

La peur est, à la base, un système de survie qui fait partie de notre système mental

pour nous éviter de nous retrouver dans des situations dangereuses, voire fatales.

Seulement voilà, c'est aussi, très souvent, l'un des instruments que le diable utilise, 

afin de nous baillonner, de nous attacher, de nous empêcher de vivre librement.

Dans l'enfer de Dante, on nous présente le diable comme paralysé des pieds à la taille, 

pris dans le bloc de glace (une sorte d'anti-amour) qui constitue le coeur de l'enfer.

Eh bien la peur, quand il s'en sert pour nous éloigner de Dieu, fonctionne de la même façon : 

on se retrouve paralysé, incapable d'avancer, d'avoir confiance en soi, 

bref de vivre normalement.

Par contre, comme toutes les tentations du diable, elle ne supporte pas la lumière du jour.

Quand on se rend compte qu'elle est responsable d'une sorte de paralysie mentale, 

quand on voit clairement qu'elle nous assaille de toutes parts d'une façon déraisonnable, 

bref quand on l'éclaire du phare de notre raison et de notre entendement, 

alors elle disparait comme les fantômes d'un mauvais rêve après que l'on se soit réveillé. 

Les trois tentations que le diable utilise sont toujours les mêmes : 

la soif de plaisirs, de possessions et de pouvoir.

Mais il ne faut pas négliger de faire attention aussi aux instruments qu'il utilise :

le mensonge, la menace, la peur, le relativisme, le j'm'enfoutisme, le conformisme, etc etc...

Il ne faut pas les laisser nous affecter au point de nous éloigner de Dieu dans le pire des cas

ou dans le meilleur de nous isoler du reste du monde et de notre propre raison petit à petit. 

La Vérité nous rend libres, vraiment. 

Je me languis du temps où l'Église parlera à nouveau des thèmes qui sont les siens, 

en utilisant le vocabulaire qui lui appartient, 

bref où l'on parlera de Jésus Christ mort sur la croix et ressuscité, 

de son amour pour les hommes, et de ce que l'on peut faire, ici et maintenant, 

pour vivre le plus fidèlement possible à ses enseignements et selon son exemple. 

Je n'ai aucun doute sur le fait que ce temps reviendra et que, tôt ou tard, 

et que l'Église se recentrera sur sa seule et unique raison d'être. 

L'Évangile du jour est une énigme pour moi. "Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour". Alors s'il y a des gens que le Père attire, il est logique de penser qu'il y en a aussi qu'il n'attire pas, sinon pourquoi en parler ? Et c'est un vrai mystère. Ça me fait penser à je ne sais plus quel poète qui, au XIXème siècle, quand il était de bon goût de découvrir la foi et de se convertir d'un romantisme désespéré à un christianisme plein d'espérance et de joie, n'y arrivait pas malgré tous ses efforts. Il avait essayé d'aller à la messe, de se former, il avait parlé avec plein de chrétiens, il avait la bonne volonté mais non, pas moyen, il n'arrivait pas à croire. Est-ce que le Père n'appelle pas tout le monde ? Et d'ailleurs, cet appel ne devrait-il pas, de manière habituelle, passer par la transmission faite par les croyants, non pas de façon forcée, bien évidemment, mais comme une douce invitation à trouver le chemin du bonheur, inséparable de celui qui mène à Dieu ? Encore une fois, je n'en sais rien, mais je pense que c'est une bonne idée de méditer sur ce mystère. Il y a par contre une partie de l'Évangile qui est particulièrement claire : "Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement". Je n'oublierai jamais le jour où cette gamine m'a demandé à quoi ça servait de faire sa communion, alors que j'étais un jeune prêtre tout juste sorti de l'emballage. Je n'avais pas su quoi lui répondre, à ma grande honte. Alors je me suis replongé dans les Évangiles et, bien vite, j'ai trouvé la réponse, que j'ai pu lui donner le jour suivant : la communion, ça sert à avoir la vie éternelle. C'est tellement simple, quand on connait la réponse ! C'est tellement évident, tellement fondamental dans notre foi, tellement entendu à la messe ! Et pourtant, parfois, on l'oublie. On oublie que le baptême est la porte d'entrée du paradis et que, jusqu'à aujourd'hui, nous n'en connaissons pas d'autre. On oublie que la communion rend éternel. On oublie que, pour qu'elle porte ses fruits, il faut être en état de grâce et avoir demandé pardon de tous nos manques d'amour dans le sacrement de la confession. On oublie tellement de choses simples, évidentes, mais auxquelles on ne pense pas assez souvent pour s'en souvenir... Eh bien, aujourd'hui, souvenons-nous en : Jésus est le pain de la vie, et si nous voulons ressusciter comme il l'a fait, allons communier ! 

Quand quelqu'un à qui tu as confié un secret le répète, 

tu ne peux t'en prendre qu'à toi. 

Sans ton indiscretion, 

il n'y en aurait pas eu d'autres. 

Dieu ne nous a pas nommés juges les uns des autres.

Nous connaissons, certes, ses commandements. 

Mais être chrétien, c'est s'efforcer de les mettre soi-même en pratique, 

pas passer notre temps à fliquer les autres pour savoir s'ils en font autant. 

Essayons déjà d'être nous-même parfaitement fidèles, ça devrait bien nous occuper, 

et nous n'aurons plus le temps de chercher la paille dans l'oeil du voisin. 

Revendiquer son appartenance au Christ sans s'efforcer de mettre en pratique son commandement, 

"aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés", ça n'a aucun sens. 

Si je me proclame fièrement chrétien 

mais que je proclame aussi que c'est ok de détester qui que ce soit pour quelque raison que ce soit, 

je suis un menteur et un hypocrite.